🐮 Au Theatre Femme De Menage Courtement VĂȘtue

saintejeanne-franÇoise frÉmyot de chantal sa vie et ses ƒuvres tome troisiÈme ƒuvres diverses mÉditations pour les solitudes [retraites] annuelles dÉposition de sainte jeanne-franÇoise frÉmyot de chantal au sujet de la cause de bÉatification et canonisation de saint franÇois de sales opuscules divers Édition authentique publiÉe par les soins des religieuses Dansun climat #MeToo d’accusations mĂ©diatiques 2 en roue libre, lancĂ©es comme des fatwas sur tel ou tel personnage public – y compris parfois des femmes, mises en cause par d’autres femmes, au risque d’un bug dans le logiciel « violences-sexuelles-et-sexistes 3 » –, il est intĂ©ressant de rĂ©flĂ©chir Ă  quelques ressorts des techniques de persuasion mobilisĂ©es au DĂ©couvrezles bonnes rĂ©ponses, synonymes et autres mots utiles Solution CodyCross Niveau 66 Grille 2: Aide destinĂ©e Ă  tricher Ă  un examen Codycross; Au commencement d’un opĂ©ra Codycross; Au théùtre, femme de mĂ©nage courtement vĂȘtue Codycross; Dispositif allumant la lumiĂšre pour un temps donnĂ© Codycross; Ensemble des os du squelette de la main Codycross Lejeu simple et addictif CodyCross est le genre de jeu oĂč tout le monde a tĂŽt ou tard besoin d’aide supplĂ©mentaire, car lorsque vous passez des niveaux simples, de nouveaux deviennent de plus en plus difficiles. Plus tĂŽt ou plus tard, vous aurez besoin d’aide pour rĂ©ussir ce jeu stimulant et notre site Web est lĂ  pour vous fournir des CodyCross Traduire une piĂšce de théùtre en Welcometo the 2011 edition of the Ottawa International Animation Festival. Bienvenue Ă  l'Ă©dition 2011 du Festival international d'animation d'Ottawa. As the largest of the annual festivals 6 Extraits de piĂšces relatifs aux exercices et textes non théùtraux associĂ©s pages 63-113. o Beaumarchais, Le Barbier de SĂ©ville , acte I, scĂšne 1 pages 63-65. o Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, acte I, scĂšne 9 pages 66-67. o Corneille, Cinna acte V, scĂšne 1 pages 68-70. o Paul Emond, Seul Ă  Waterloo, seul Ă  Sainte-HĂ©lĂšne pages 71-73. o Victor Hugo, Ruy Blas, acte I, ResortsrĂ©servĂ©s aux adultes Costa Rica: Consultez 13321 avis de voyageurs, photos de voyaguers, les meilleures offres et comparez les prix pour Resorts rĂ©servĂ©s aux adultes Ă  Costa Rica sur Tripadvisor. EnAvant de Guingamp. SpieltagÂŹRWĂ·0ÂŹAXĂ·0ÂŹBXĂ·-1ÂŹWQĂ·ÂŹWMĂ·CHAÂŹAEĂ·FC ChamblyÂŹJAĂ·EPGFkIEqÂŹWUĂ·fc-chamblyÂŹWNĂ·GREÂŹAFĂ·Grenoble FootÂŹJBĂ·8nGJlxUkÂŹWVĂ·grenoble-footÂŹAWĂ·1ÂŹANĂ·nÂŹ~AAĂ·GWIfD7B6ÂŹADĂ·1599930000ÂŹADEĂ·1599930000ÂŹABĂ·1ÂŹCRĂ·1ÂŹACĂ·1ÂŹCXĂ·FC Voicile solution du groupe 66 grille 2 Film de Jan Kounen sur des braqueurs de banque. DOBERMANN. Traduire une piĂšce de théùtre en direct. Voici le solution du groupe 66 grille 2 Traduire une piĂšce de théùtre en direct. SURTITRER. Au théùtre femme de mĂ©nage courtement vĂȘtue EpnrR36. La solution Ă  ce puzzle est constituéÚ de 7 lettres et commence par la lettre B Les solutions ✅ pour FEMME DE MENAGE de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. DĂ©couvrez les bonnes rĂ©ponses, synonymes et autres types d'aide pour rĂ©soudre chaque puzzle Voici Les Solutions de Mots CroisĂ©s pour "FEMME DE MENAGE " 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Partagez cette question et demandez de l'aide Ă  vos amis! Recommander une rĂ©ponse ? Connaissez-vous la rĂ©ponse? profiter de l'occasion pour donner votre contribution! Similaires RĂ©sumĂ©s VĂȘtir les souverains français Ă  la Renaissance les garde-robes d’Henri II et de Catherine de MĂ©dicis en 1556 et 1557 - Bien que fort lacunaires dans leur conservation, les sĂ©ries documentaires comptables de l’Argenterie royale du xvie siĂšcle fournissent des milliers d’informations sur les dĂ©penses de la garde-robe des souverains français. Ce domaine de recherche reste pourtant bien peu explorĂ© pour la France, par comparaison avec les Ă©tudes mĂ©diĂ©vales ou avec les travaux menĂ©s en Angleterre ou en Italie. Notre choix s’est portĂ© sur deux garde-robes inĂ©dites, celles d’Henri II et de son Ă©pouse Catherine de MĂ©dicis, dont on a la chance de conserver les registres pour la mĂȘme Ă©poque 1556-1557, fait rarissime dans ces sĂ©ries documentaires. Quelle est la vĂȘture du couple royal et de leur suite Ă  un moment oĂč la mode espagnole est rĂ©putĂ©e dominer les apparences des Ă©lites europĂ©ennes ? Comment fonctionne concrĂštement l’économie des garde-robes royales achats, dons, fournisseurs d’une cour itinĂ©rante, entretien, retouches et changements de façon ? Quels moments de la vie de cour suscitent des achats importants ? Les informations apportĂ©es par les comptes sont croisĂ©es avec les tĂ©moignages de contemporains et avec les portraits des souverains Ă  cette Ă©poque de leur vie. À l’image d’une Catherine de MĂ©dicis, aux longs voiles noirs de veuve, qui imprĂšgne notre mĂ©moire collective, pourrait se substituer celle d’une reine plus en couleurs. Dressing the French King and Queen in the Renaissance the Wardrobes of Henri II and Catherine de MĂ©dicis in 1556 and 1557 - Although largely incomplete, the Argenterie Royale accounting records from the sixteenth century list thousands of items pertaining to the wardrobe expenses of the French monarchs. This field of French historical research remains relatively unexplored in comparison to medieval studies and English or Italian research. This study focuses on two unpublished wardrobe registers, those of Henri II and his wife Catherine de MĂ©dicis, for which we are fortunate to possess the accounts for the same period 1556–57, an extremely rare occurrence in documentary records. How did the royal wardrobe budget actually work, in terms of purchases, gifts, suppliers to an itinerant court, and garment maintenance, alterations, and adjustments ? Which moments in court life prompted the largest expenses ? The information provided in the accounts is compared to descriptions made by contemporary witnesses and to royal portraits. A more colourful picture of the queen emerges, in the place of the traditional image of Catherine de MĂ©dicis wearing her long widow’s de page Texte intĂ©gral 1 . Pour le Moyen Âge français, parmi les travaux les plus rĂ©cents, voir Sophie Jolivet, Pour soi vĂȘt ... 2 . Jacqueline Boucher, SociĂ©tĂ© et mentalitĂ©s autour de Henri III, Lille, Atelier reproduction des th ... 3 . Archives nationales, Paris, KK 118 1556 et KK 106 1557. L’article n’indiquera plus, dans son ... 1Faute de conservation de vĂȘtements et d’inventaires de garde-robes, la sĂ©rie des rĂŽles de dĂ©penses de l’Argenterie royale est la seule source documentaire qui nous permette d’approcher de prĂšs le contenu des garde-robes royales françaises de la Renaissance. MalgrĂ© une conservation fort fragmentaire pour le xvie siĂšcle, cette sĂ©rie apporte des milliers d’informations sur les dĂ©penses des souverains. Pour autant ce domaine de recherche est encore bien peu explorĂ© pour la France de la Renaissance, par comparaison avec les Ă©tudes mĂ©diĂ©vales ou celles menĂ©es en Angleterre ou en Italie, voire en Espagne1. Seule Jacqueline Boucher avait commencĂ© Ă  exploiter les quelques documents conservĂ©s pour Henri III et pour les reines Marguerite de Valois et Louise de Lorraine2. Jusqu’aux derniĂšres annĂ©es du rĂšgne d’Henri IV, on ne conserve en effet que quelques registres Ă©pars. Mon choix s’est donc portĂ© sur deux registres, ceux des Argenteries d’Henri II et de Catherine de MĂ©dicis, miraculeusement prĂ©servĂ©s pour deux annĂ©es trĂšs proches, 1556 pour la reine et 1557 pour le roi, fait rarissime dans cette sĂ©rie documentaire et qui prĂ©sente l’avantage de permettre une comparaison des deux souverains3. NĂ©s en 1519, ceux-ci rĂšgnent de 1547 Ă  1559 et sont ĂągĂ©s de trente-sept et trente-huit ans au moment de la rĂ©daction des manuscrits. En 1556, la reine vient de donner naissance Ă  des jumelles, ses derniers enfants. Leur cour est dĂ©crite comme somptueuse, rĂ©putation qui la poursuivra encore sous le non moins fastueux Louis XIV, puisque Mme de La Fayette situera l’action de son roman La Princesse de ClĂšves 1678 Ă  la cour d’Henri et de Catherine. Son Ă©clat masque pourtant un contexte assombri par une rĂ©pression accentuĂ©e envers les protestants et une politique extĂ©rieure anti-espagnole trĂšs coĂ»teuse expĂ©ditions militaires en Italie en 1556 et dĂ©faite de Saint-Quentin devant Philippe II en aoĂ»t 1557 qui mĂšnera Ă  la paix de 1559. 2La vĂȘture des souverains relĂšve d’un budget annexe Ă  celui de la Chambre aux deniers qui gĂšre habituellement les dĂ©penses des Maisons civiles royales. Il s’agit de l’Argenterie qui assume pour les Maisons du roi et de la reine les dĂ©penses ordinaires de matĂ©riel en mĂ©taux communs pour la Chapelle ou la Chambre, par exemple et vĂȘtements. De gros registres de parchemin de plus de cent-vingt pages chacun relĂšvent les milliers de dĂ©penses de l’annĂ©e. Ils sont tenus par les contrĂŽleurs des deux Argenteries. Que nous apprennent ces documents sur les pratiques vestimentaires du couple royal Ă  un moment oĂč la mode espagnole est rĂ©putĂ©e dominer les apparences des Ă©lites europĂ©ennes ? Je tenterai de rĂ©pondre Ă  la question en Ă©voquant tout d’abord ce que l’on peut comprendre de l’économie de la garde-robe royale Ă  partir des comptes. Puis j’examinerai les vestiaires royaux avant de conclure sur leur magnificence et leur cosmopolitisme. Argenterie royale et Ă©conomie vestimentaire 3Afin d’apprĂ©hender correctement l’économie et les apparences vestimentaires des souverains français, il est important de bien saisir la logique comptable des Argenteries avant d’y mesurer la place des dĂ©penses vestimentaires et de dire quelques mots des fournisseurs. Logique comptable et garde-robe royale 4 . On ne conserve pas en France d’inventaire de garde-robe fait du vivant d’un souverain de la Renai ... 4La logique des registres n’est Ă©videmment pas la mĂȘme que celle de l’historien qui y recherche le reflet de la composition d’une garde-robe Ă  un moment donnĂ© de la vie d’un souverain. Contrairement aux inventaires de garde-robe ou aux inventaires aprĂšs dĂ©cĂšs, le but de ces documents n’est pas d’en dĂ©crire le contenu, voire de le priser4. Il s’agit pour l’Argentier d’enregistrer les dĂ©penses par fournisseur ou artisan payĂ© dans l’annĂ©e, par quartier/trimestre pour le roi, par semestre pour la reine. Contrairement Ă  celui de la reine, le registre du roi distingue trois postes gĂ©nĂ©raux par quartier offrandes, aumosnes et parties de la chapelle », dons, voiages, recompenses, affaires de chambre et menuz plaisirs » et enfin l’Argenterie ». C’est dans ce dernier que figure la quasi totalitĂ© des dĂ©penses de vĂȘture. En revanche, celles de la reine sont dispersĂ©es tout au long du registre. Le dĂ©tail des fournitures ou travaux n’intervient que pour justifier le montant de la somme versĂ©e au fournisseur. 5 . État de la maison de Catherine de MĂ©dicis, 1547-1585 BNF, ms. fr. nouv. acq. 9175, f. 379-394, ... 6 . Ordonnance du roi pour le rĂšglement de la cour et du conseil, Lyon, 10 septembre 1574, BNF, ms. f ... 7 . C. zum Kolk, art. cit., p. 18. 8 . M. Hayward, op. cit., chap. III. 9 . Corinne ThĂ©pault-Cabasset, Le service de la Garde-Robe une crĂ©ation de Louis XIV », dans Fast ... 5L’historien se retrouve donc face Ă  un corpus qui donne une vision totalement Ă©clatĂ©e du vĂȘtement, les diverses informations concernant un mĂȘme habit Ă©tant dissĂ©minĂ©es entre diffĂ©rentes pages et fournisseurs/artisans. Le tout s’entremĂȘle avec des dĂ©penses diverses touchant la Chambre du souverain papeterie, textiles d’ameublement et linge de maison ; rĂ©paration ou achat de meubles ou d’huisserie ; sommes versĂ©es Ă  des individus pour des raisons diverses transport, gratifications. Il n’y a en effet pas de poste comptable spĂ©cifique rĂ©servĂ© Ă  l’ensemble des vĂȘtements pris en charge par l’Argenterie. Il n’y a pas non plus de poste rĂ©servĂ© Ă  la garde-robe royale proprement dite, c’est-Ă -dire aux dĂ©penses personnelles des souverains. L’office de maĂźtre de la Garde-Robe, dĂ©tenu par un noble, existe pourtant pour les deux Maisons. Chacun est assistĂ© d’un ou deux valets de garde-robe, des roturiers. Chez la reine, l’office du maĂźtre est rĂ©tribuĂ© 300 livres par an mais il y a aussi une dame d’atours qui est responsable de l’habillage de sa maĂźtresse5. NĂ©anmoins, sur le plan comptable, ces personnages sont invisibles. Pourtant, placĂ© sous la tutelle, du premier gentilhomme de la Chambre qui arrĂȘte toutes les dĂ©penses ordinaires et extraordinaires de la Chambre comme celles de la Garde-Robe, selon le premier rĂšglement de cour rĂ©digĂ© sous Henri III en 1574, le maĂźtre de la Garde-Robe commande tout ce qui sera nĂ©cessaire pour la personne du roi » et rapporte ces dĂ©penses au contrĂŽleur de l’Argenterie6. La dame d’honneur de la reine, Françoise de BrĂ©zĂ©, duchesse de Bouillon, qui cosigne le compte de la reine, joue pour la Chambre de la reine le mĂȘme rĂŽle que le premier gentilhomme7. Il n’y a donc pas en France Ă  cette Ă©poque de reconnaissance comptable » de la garde-robe royale, dans le sens oĂč celle-ci ne dispose pas d’une comptabilitĂ© ou d’un budget particulier Ă©quivalent Ă  ce que l’on trouve au mĂȘme moment dans l’Angleterre des Tudor oĂč cette institution est beaucoup plus dĂ©veloppĂ©e8. Il faut attendre Louis XIV, qui crĂ©e l’office de grand maĂźtre de la Garde-Robe en 1669, pour voir renforcer cette institution curiale9. Elle disposera alors d’une comptabilitĂ© Ă  part et les comptes de l’Argenterie ne contiendront plus de dĂ©penses vestimentaires. Argenterie et dĂ©penses vestimentaires 10 . Philippe Hamon, L’argent du roi les finances sous François Ier, Paris, ComitĂ© pour l’histoire Ă© ... 6Il faut se livrer Ă  un long et patient travail pour repĂ©rer, dans la diversitĂ© des dĂ©penses, celles consacrĂ©es au vĂȘtement tableau 1. Celles-ci reprĂ©sentent plus de la moitiĂ© des dĂ©penses annuelles. Une autre partie est consacrĂ©e Ă  d’autres dĂ©penses textiles ameublement et linge de lit, fils, dons de tissus par exemple pour des sommes Ă  peu prĂšs Ă©quivalentes chez le roi ou chez la reine. Le roi alloue une somme relativement importante Ă  l’entretien de la chapelle 1 144 livres qu’il prend seul en charge, la reine n’y consacrant qu’un montant dĂ©risoire alors qu’elle investit prĂšs de huit fois plus que le roi dans les dĂ©penses d’orfĂšvrerie. Celles-ci jouent en effet un rĂŽle important dans le paraĂźtre, non seulement dans l’ameublement miroir d’argent pour la reine, chandeliers mais aussi pour la parure bijoux et pierres prĂ©cieuses Ă  l’usage des souverains ou pour en faire don. L’Argenterie n’assure donc pas qu’une fonction de consommation et de redistribution. Elle est aussi un lieu de thĂ©saurisation de mĂ©taux prĂ©cieux qui en fait une caisse de rĂ©serve pour la monarchie10. Enfin j’ai regroupĂ©, dans une rubrique intitulĂ©e autres », les frais de menuiserie, de sellerie coffres, le matĂ©riel de rangement et d’entretien pour la garde-robe, les frais de transport divers, de nourriture des chiens de la Chambre, d’apothicaire le roi est malade en 1557, de papeterie, les achats d’instruments de musique et les dons d’argent pour services rendus. Tableau 1 Postes de dĂ©penses de l’Argenterie royale en livres tournois Reine 1556 % Roi 1557 % VĂȘtements 16 473 58,48 11 583 55,04 Textiles autres 3 215 11,42 3 364 15,98 OrfĂšvrerie 5 093 18,08 639 3,04 Chapelle 14 0,05 1 144 5,43 Autres 3 372 11,97 4 317 20,51 Total Argenterie 28 167 100 21 047 100 11 . Natalie Zemon Davis, Essai sur le don dans la France du xvie siĂšcle, trad. D. Trierweiler, Paris, ... 12 . Gages relevĂ©s par C. zum Kolk, art. cit., et par Micheline Baulant, Prix et salaires Ă  Paris au ... 7Les dĂ©penses vestimentaires sont les plus importantes et celles de Catherine surpassent celles d’Henri 16 473 livres tournois contre 11583 tableau 2. Il serait trompeur d’en dĂ©duire que la reine fait des dĂ©penses somptuaires plus importantes que le roi pour sa propre personne. Au contraire ! Si l’on dĂ©taille la rĂ©partition des dĂ©penses, on relĂšve que la reine supporte davantage sur son budget la pratique du don vestimentaire et de dĂ©penses festives mascarades qui tĂ©moignent des largesses royales envers la cour et entretiennent le lien social entre les souverains et les gens de leurs Maisons11. Les sommes consacrĂ©es au paraĂźtre vestimentaire des souverains sont Ă©videmment considĂ©rables si on les compare aux revenus de quelques-uns de leurs contemporains. Les 7 881 livres dĂ©pensĂ©es pour les vĂȘtements de la reine, par exemple, reprĂ©sentent un peu plus de 65 fois les gages d’une lavandiĂšre de sa Maison 120 l./an et un peu plus de 315 fois ceux d’un galopin de sa cuisine 25 l./an ou encore 320 fois ceux d’un charretier de ferme12. La facultĂ© du couple Ă  dĂ©penser pour paraĂźtre, Ă  la tĂȘte d’une cour brillante, s’exprime donc dans les comptes de l’Argenterie. En 1557 Henri II dĂ©pense cependant plus pour sa personne que ne le fait la reine en 1556. Il serait nĂ©anmoins aventureux de postuler, Ă  partir de ces deux seules annĂ©es de compte rescapĂ©es de l’histoire, qu’il s’agit d’un Ă©cart habituel qui justifierait un principe selon lequel le paraĂźtre du roi supplante celui de la reine. L’écart peut n’ĂȘtre que conjoncturel et surtout, la somme beaucoup plus importante consacrĂ©e par la reine Ă  l’orfĂšvrerie corrigerait cette affirmation du fait d’un usage relativement important par cette derniĂšre de parures de cette nature. Tableau 2 DĂ©penses vestimentaires des souverains dans l’Argenterie royale en livres tournois Reine 1556 % Roi 1557 % VĂȘtements pour le souverain 7 881 47,84 8 355 72,13 Dons de vĂȘtements par le souverain 7 324 44,46 2 884 24,90 Masques et travestissements 1 268 7,70 344 2,97 Total 16 473 100 11 583 100 Fournisseurs et artisans 13 . Clare Haru Crowston, Fabricating Women The Seamstresses of Old Regime France, 1675–1791, Durham ... 8Marchands et artisans participent Ă  la fabrique du paraĂźtre royal. Le montant imparti Ă  chacun fut vraisemblablement rĂ©pertoriĂ© Ă  partir de justificatifs et mĂ©moires acquittĂ©s fournis par ceux-ci mais dont on ne conserve pas la trace jusqu’au rĂšgne de Louis XV. L’existence des deux comptes permet de comparer les fournisseurs pour les vĂȘtements et l’orfĂšvrerie. Deux constatations s’imposent. La premiĂšre est que la reine fait appel Ă  un nombre plus important de personnes que le roi 24 contre 13. À type de fournisseur identique, Catherine de MĂ©dicis diversifie davantage les approvisionnements et la façon, employant, pour une commande Ă©pisodique, des marchands de tissus, des passementiers et des orfĂšvres en sus de ses fournisseurs habituels. Ces derniers portent accolĂ©s Ă  leur profession les qualificatifs ordinaire », servant l’Argenterie » ou plus rarement servant la cour », labels qui leur garantissent des commandes rĂ©guliĂšres pour de coquettes sommes. Les femmes sont rares dans ces mĂ©tiers Ă  l’exception des lavandiĂšres de corps » blanchisseuses des souverains et d’une lingĂšre de la reine. Deux veuves, ayant vraisemblablement pris le relais d’un mari dĂ©funt, apparaissent comme fournisseuses trĂšs Ă©pisodiques de la reine. Les mĂ©tiers de la mode sont avant tout masculins et il faut attendre le xviiie siĂšcle pour que les femmes y acquiĂšrent une reconnaissance professionnelle13. 14 . Voir les DĂ©penses secrĂštes de François Ier », dans Les comptes des BĂątiments du roi 1528-1571 ... 9La deuxiĂšme observation est que, Ă  l’exception du linger Jehan Debeauquesne qui jouit du privilĂšge d’ĂȘtre commun aux Ă©poux, les deux Argenteries font appel Ă  des fournisseurs et artisans attitrĂ©s tous diffĂ©rents. Ainsi multiplient-elles le nombre de privilĂ©giĂ©s disposant du quasi monopole du marchĂ© curial que leur offre leur titre. Malheureusement les comptes ne prĂ©cisent pas la nationalitĂ© des marchands dont on sait que certains pouvaient ĂȘtre italiens, du moins d’aprĂšs les comptes de François Ier14. Ils ne citent qu’exceptionnellement le domicile des fournisseurs qui doivent suivre la cour itinĂ©rante des Valois pour y faire leurs affaires. Ainsi parmi les trois marchands de soie de la reine, deux sont de Tours, citĂ© soyeuse avec Lyon, et l’autre de Paris, toutes villes de rĂ©sidence royale. L’urgence d’une commande peut justifier la prĂ©sence d’un artisan Ă  la cour, hors de son atelier, afin d’achever celle-ci. Le tailleur de la reine, Jehan Delannoy dit de Tours, est ainsi dĂ©dommagĂ© des dĂ©penses que lui occasionna un sĂ©jour de quatre jours Ă  Paris pour y achever une robe et changer la façon d’une autre, et pour les avoir fait porter de Paris jusqu’à Saint-Germain oĂč Ă©tait la reine 54 vo. Pierre d’Anjou, brodeur du roi, est dĂ©dommagĂ© pour plusieurs voyages entre Rennes, CompiĂšgne et Paris, oĂč devait se trouver le souverain, pour broder une sĂ©rie importante de ses vĂȘtements, travail de façon qui lui rapporta la coquette somme de 380 livres tournois 28 vo. Les brodeurs sont en effet les artisans les mieux rĂ©tribuĂ©s. Anatomie des vestiaires royaux 10Les comptes ne mentionnent que le nom de la personne Ă  laquelle est destinĂ©e une dĂ©pense vestimentaire. On ne peut donc que supposer la participation des deux souverains Ă  l’initiative ou au choix des commandes. Quel type de vĂȘtements favorisent-ils ? Ceux-ci dĂ©terminent l’anatomie de leur corps vĂȘtu selon un vestiaire nettement sexuĂ© qui diffĂ©rencie le roi de la reine. Argenterie et typologie vestimentaire 15 . Par exemple le portrait de Catherine v. 1556 avec robe noire, guimpe de pierreries, d’aprĂšs Fra ... 16 . Pour les portraits d’Henri II en habit noir, celui de l’atelier de F. Clouet xvie siĂšcle conser ... 11Par comparaison avec d’autres sources, les comptes de l’Argenterie sont au plus prĂšs du quotidien vestimentaire des souverains. Les chroniques, par exemple, ne tĂ©moignent que des vĂȘtements d’apparat, somptueux et brillants, d’argent et or, chargĂ©s de pierres et perles, dont on loue la splendeur et les mille feux qui attestent de la majestĂ© royale. Mais dans nos comptes la mention de ces toiles reste exceptionnelle, et seulement chez la reine. Pas d’achat de celles-ci en tout cas en 1556 car ces vĂȘtements sont prĂ©cieusement conservĂ©s dans les coffres et rĂ©adaptĂ©s Ă  la mode si besoin. Les comptes sont aussi plus proches de la pratique vestimentaire des souverains que ne le sont leurs quelques portraits peints conservĂ©s pour les annĂ©es 1550. Rares, souvent copiĂ©s ou posthumes, ces portraits peuvent avoir Ă©tĂ© rĂ©interprĂ©tĂ©s plusieurs annĂ©es plus tard avec quelques ajouts vestimentaires. Ils reprĂ©sentent en outre toujours Ă  peu prĂšs la mĂȘme forme de vĂȘtement alors que les comptes en distinguent plusieurs15. Ces portraits donnent l’image d’un vestiaire rĂ©duit Ă  quelques tenues qui figent notre reprĂ©sentation de celui-ci Ă  un type de vĂȘtement donnĂ© et Ă  une palette en noir et blanc16. 17 . R. Orsi Landini et B. Nicoli, Moda a Firenze
, op. cit., p. 200. 12Cependant, si les comptes tĂ©moignent de vestiaires plus variĂ©s, ils posent au chercheur des problĂšmes insolubles pour qui imaginerait en extraire une sorte d’instantanĂ© du contenu rĂ©el des garde-robes. Au contraire, on ne peut y percevoir que le reflet de celui-ci. Il est tout d’abord impossible de raisonner par vĂȘtement complet sa reconstitution, rassemblant l’ensemble des fournitures et façons qui furent nĂ©cessaires Ă  la fabrication, est bien difficile. Constat qu’ont pu faire par exemple les Ă©tudes sur les Giornali des vĂȘtements commandĂ©s pour la famille ducale florentine du xvie siĂšcle17. Les descriptions comptables, dissĂ©minĂ©es entre diffĂ©rentes pages, sont en effet loin d’ĂȘtre toujours exhaustives et dĂ©taillĂ©es pour permettre de relier entre elles les informations concernant les textiles, les accessoires et la façon d’un mĂȘme habit. Des tissus peuvent aussi ĂȘtre simplement achetĂ©s pour ĂȘtre mis en rĂ©serve et utilisĂ©s plus tard, une pratique que l’on retrouve uniquement chez la reine. Catherine fait ainsi mettre de cĂŽtĂ© 829 livres de piĂšces de taffetas et de velours, dont une, trĂšs coĂ»teuse, de onze aunes de velours noir mouchetĂ© d’or, d’un montant de 253 livres, mis aux coffres pour lui faire habillement » 1556,35 ro. La plupart du temps, les comptes gardent la trace de l’achat d’un tissu, d’une doublure ou d’autres fournitures pour un vĂȘtement nommĂ© mais sans que l’on retrouve celle de la façon ou de l’ornementation passements, broderie. Et inversement ! Ce qui laisse penser que les dĂ©lais de paiement pour un mĂȘme vĂȘtement peuvent s’étaler sur plusieurs annĂ©es. Pour toutes ces raisons, la typologie vestimentaire des souverains abordĂ©e ici ne peut s’appuyer que, d’une part, sur le montant total des dĂ©penses faites pour une piĂšce donnĂ©e chausses, pourpoint, etc. citĂ©e dans un compte et, d’autre part, sur la frĂ©quence des mentions d’un type de vĂȘtement donnĂ©, qui offre seulement un aperçu de la quantitĂ© de piĂšces qui ont pu passer par chaque garde-robe. VĂ©ritable travail de fourmi pour le chercheur ! Vestiaire du roi 18 . L’aune de Paris fait 1,188 m. 13Ce n’est pas le lieu ici d’énumĂ©rer avec exhaustivitĂ© les trĂšs nombreuses piĂšces vestimentaires rencontrĂ©es. Il s’agit plutĂŽt d’en extraire les plus emblĂ©matiques, celles qui dĂ©terminent visuellement l’identitĂ© de chaque corps vĂȘtu. Chez le roi, les mentions d’achat et façon pour les pourpoints sont les plus frĂ©quentes du corpus 40 suivies par celles des bas 29 et hauts-de-chausses, ainsi que par les collets 22 et les robes 19. Pourpoints, chausses et hauts-de-chausses oĂč pointe la virile braguette jamais mentionnĂ©e dans les comptes car fait tout-en-un avec ceux-lĂ  sont en effet les piĂšces de base du vestiaire masculin, qui demandent un renouvellement frĂ©quent. Le roi a une prĂ©dilection pour les soieries trĂšs souvent importĂ©es d’Italie serge de Florence pour les bas ; satin de Florence et de GĂȘnes voire de Venise pour les pourpoints comme pour les hauts-de-chausses pour lesquels le velours est aussi apprĂ©ciĂ©, mais sa provenance n’est pas mentionnĂ©e ; doublures de taffetas idem. Ces textiles sont coĂ»teux, entre 4 et 12 livres l’aune, dans le cas du satin de Florence rouge ou violet18. Pour autant les piĂšces de base dont ils sont faits ne sont pas les plus coĂ»teuses chez le roi. Fig. 1 - École française, Henri II, 1555, huile sur bois 109 × 77 cm. Le Puy-en-Velay, musĂ©e Crozatier, inv. Inscriptions HENRICVS II FRAC / REX XRIANISSIMVS / ANNO ÆTATIS SVÆ / XXXVII – 1555 19 . Le collet est un mot polysĂ©mique qui peut dĂ©signer un col ou bien ce type de vĂȘtement. 20 . Saye nom masculin, pourpoint Ă  basques au xvie siĂšcle, dit aussi sayon selon François Boucher, ... 21 . Voir la note 15. a. » pour aune ». 14Les plus coĂ»teuses sont Ă  rechercher du cĂŽtĂ© des vĂȘtements de dessus et manteaux 1219 et surtout du cĂŽtĂ© des robes 1575 Par-dessus le pourpoint, le roi peut revĂȘtir un collet, au mĂ©trage Ă©quivalent Ă  celui d’un pourpoint lorsqu’il est en velours 1,5 a. ; 23 vo ou de cuir de buffle ou de maroquin d’Espagne blanc ou noir19. Il commande aussi des sayes 8 mentions au mĂ©trage plus important 2 a. Âč⁄3 Ă  Ÿ car plus longs que les pourpoints du fait de leurs basques20. Les sayes peuvent ĂȘtre fourrĂ©s de martres et de loups cerviers, ce qui en accroĂźt le coĂ»t. En revanche, contrairement aux beaux portraits du roi vĂȘtu de blanc, tel celui du musĂ©e Crozatier du Puy fig. 1, pas de trace de manteaux fourrĂ©s ici d’hermine, ni brodĂ©s d’argent comme sur le portrait en blanc du musĂ©e CondĂ© de Chantilly. La mention de cape comme sur le portrait de pied en noir du Louvre est exceptionnelle mais avec emploi de textiles coĂ»teux, drap fin de Rouen ou Ă©carlate rouge 12 l./a.21. Un manteau Ă  l’anglaise de 3 a. œ d’écarlate rouge, bandĂ© de velours cramoisi de Florence, de passements d’or et de soie sur bandes de satin rouge cramoisi de Venise et ornĂ© de boutons d’or Ă  longue queue » revient ainsi Ă  plus de 210 l. pour les seules fournitures. Celui-ci est d’ailleurs destinĂ© Ă  ĂȘtre portĂ© au camp » 39 ro, 41 ro, 44 ro. La rĂ©fĂ©rence Ă  l’activitĂ© militaire du souverain apparaĂźt en effet Ă  plusieurs reprises casaque de velours noir avec croix de toile d’argent pour mectre dessus le harnoys » 38 ro, collet de buffle pour servir Ă  mectre sous les armes » 42 vo, pourpoint de canevas ou de chamois pour armĂ©e » 39 ro, 40 vo ou chausses Ă  armer » tĂ©moignent de la pratique du tournoi par lequel le souverain perdra la vie en 1559 mais aussi du contexte de la guerre qui vient de reprendre contre l’Espagne et l’Angleterre. 22 . Voir l’usage qu’en font les Ă©lites d’alors dans Isabelle Paresys, Le noir est mis. Les puys d’A ... 15Enfin, parmi les vĂȘtements les plus coĂ»teux du souverain figure la robe dans laquelle ses portraits se gardent bien de le reprĂ©senter. Le roi y est toujours vĂȘtu de court ou en armure. Il ne dĂ©tonne en cela en rien avec les pratiques de ses contemporains et les histoires du costume ont tort d’en rĂ©duire le port aux seuls magistrats et universitaires22. Avec ses longs mĂ©trages 5 a., la robe est en effet d’allure moins martiale mais, portĂ©e au-dessus des vĂȘtements Ă©voquĂ©s ci-dessus, elle constitue un trĂšs confortable habit d’intĂ©rieur dans les rĂ©sidences mal chauffĂ©es frĂ©quentĂ©es par la cour. Aussi Henri l’apprĂ©cie-t-il fort, comme l’atteste l’important budget qui y est consacrĂ© 1575 et le nombre de mentions qui la concernent 19. La prĂ©sence de fourrures martre zibeline, loup-cervier, les riches damas, velours ou satin, toujours noirs certes, mais de styles variĂ©s robes Ă  l’allemande surtout, Ă  l’espagnole ou Ă  l’anglaise, chamarrĂ©s de passements de soie et bandĂ©es ton sur ton en font un vĂȘtement cossu. BrodĂ©e de fil d’or ou chamarrĂ©e de franges d’or, avec des taillades garnies d’aiguillettes d’or 27 vo, la robe quitte sa fonction de vĂȘtement d’intĂ©rieur pour l’apparat le roi en fait faire une de velours noir avec passements et broderies de fil d’or pour porter aux noces de monsieur d’Anguien 22 ro. Les vĂȘtements du roi sont conservĂ©s dans des coffres garnis de sachets de poudre de violette, raffinement olfactif que l’on ne rencontre pas dans le compte de la reine. Vestiaire de la reine 23 . École française, Catherine de MĂ©dicis, v. 1548, Florence, palais Pitti, et F. Boucher, Histoire d ... 16La robe est bien, avec les bas-de-chausses, la seule piĂšce commune aux deux vestiaires royaux. Encore est-elle bien diffĂ©rente pour la reine chez laquelle elle est aussi le vĂȘtement auquel elle consacre le plus de dĂ©penses dans l’annĂ©e 1885 avec de frĂ©quentes mentions 35. Le mĂ©trage nĂ©cessaire Ă  la confection est important entre 10 et 15 a., soit entre environ 12 m et 18 m. Elle peut ĂȘtre Ă  queue ou ronde, prĂ©cision rare cependant. Le velours est le tissu le plus souvent citĂ©, sans que sa provenance soit mentionnĂ©e. Il peut ĂȘtre trĂšs coĂ»teux tel ce velours noir Ă  fons de satin nouvelle façon » Ă  11 l. 10 s./a. pour une robe Ă  l’italienne doublĂ©e de taffetas 26 vo dont le seul coĂ»t en tissu revient Ă  plus de 168 livres, soit 1,4 fois les gages annuels de la lavandiĂšre de la reine. Il est suivi par le taffetas. Damas et toile d’argent restent exceptionnellement mentionnĂ©s. La fourrure aussi hermine une mention, loup-cervier. NĂ©anmoins c’est la cotte qui est l’élĂ©ment du vestiaire le plus frĂ©quemment citĂ© 47 fois. Son mĂ©trage, le plus souvent de satin ou taffetas, est cependant deux fois moins important que pour une robe entre 4 et 6 a. Les comptes parlent aussi de devant de cotte » 1 a. Ÿ Ă  4 a. qui rĂ©fĂšrent sans doute Ă  la partie visible de la cotte que l’on entrevoit dans l’ouverture de la robe Ă  la française, telle celle reprĂ©sentĂ©e sur Catherine de MĂ©dicis dans un portrait en pied vers 1548, du moins si la cotte est bien une robe de dessous, telle que la dĂ©finissent les histoires du costume23. Proches du mĂ©trage des cottes, des jupes de damas, de satin ou de velours trĂšs colorĂ©es aucune n’est noire, parfois fourrĂ©es, apparaissent dans le compte 9 mentions. Elles sont aussi pourvues d’un corps. Une mention associe la jupe Ă  des brassiĂšres, piĂšces de satin, velours ou toile d’argent ornementĂ©es, sortes de camisoles qui pouvaient ĂȘtre employĂ©es comme vĂȘtement de dessus des femmes en couche. La reine, qui donna en douze ans, depuis 1544, dix enfants au roi, accoucha, en effet, le 24 juin 1556 de jumelles qui faillirent lui coĂ»ter la vie. 24 . Ibid., p. 456. 25 . Corneille de Lyon, Catherine de MĂ©dicis, v. 1536, Versailles, musĂ©e national des chĂąteaux de Vers ... 17La basquine apparaĂźt moins frĂ©quemment que la cotte 9 mentions. Elle est souvent de taffetas colorĂ© et parfois de toile d’argent. Elle se porte aussi sous la robe mais elle n’est pas qu’une jupe au sens d’aujourd’hui, contrairement Ă  ce qu’écrit François Boucher, puisqu’elle dispose d’un corps de vasquine » 27 vo, 24 vo24. On ne la trouve qu’une seule fois associĂ©e Ă  la vertugade, accessoire Ă  armature souple qui donne de l’ampleur Ă  la jupe de la robe, dans une forme conique de clochette achat au tailleur de 8 s. de bougran, Ă©toffe qui lui donne de la raideur, pour une vasquine de taffetas changeant jaune et bleu et aussi pour avoir raccoustrĂ© la vertugade » 56 vo. Le registre ne comporte aucun achat de cet accessoire qui caractĂ©rise la silhouette fĂ©minine française. La reine en possĂšde pourtant, si l’on en croit quelques dĂ©penses pour rĂ©paration, amĂ©nagement voire broderie de celles-ci. Peut-ĂȘtre s’en dispense-t-elle en raison de sa grossesse cette annĂ©e-lĂ . Une des particularitĂ©s du vestiaire de la reine, par rapport Ă  celui du roi, est la dĂ©pense pour manches amovibles 1 a. Ă  1 a. Ÿ de satin, taffetas ou velours, parfois tocque d’or, le plus souvent bouillonnĂ©es voir le portrait de Catherine vers 1536 par Corneille de Lyon et ornementĂ©es de passements ou de bizette d’or, parfois fourrĂ©es de gris, mais il n’y a pas d’achat de fourrures pour les revers des grandes manches, dĂ©sormais dĂ©modĂ©es que portait Catherine sur le portrait du palais Pitti, vers 154825. Interchangeables, les manches peuvent ĂȘtre attachĂ©es Ă  diffĂ©rentes robes. Autre particularitĂ© des corps » 1 Ă  2 a. Ÿ ou devant de corps » dont le rattachement Ă  un autre vĂȘtement robe, cotte, basquine, etc. n’est pas mentionnĂ©. Faits de tissus coĂ»teux ou de chamois, souvent brodĂ©s, parfois dotĂ©s d’un haut collet, ces corps apparaissent dans les comptes sans ĂȘtre rattachĂ©s Ă  un vĂȘtement particulier. Cela ne fait pas d’eux pour autant les ancĂȘtres du corset. La mention de corps piquĂ© » n’apparaĂźt qu’à deux reprises et pour des devant de corps, dont l’un est de satin jaune 30 ro. L’autre est un devants de corps faict Ă  l’espaignolle Ă  hault collet tout par arrierepoinctz et emboutty » de laine jaune et piquĂ© 55 ro. Aucune trace en tout cas d’achat de ces buscs que l’on pouvait glisser dans le corps pour lui donner plus rigiditĂ©. Aucune trace non plus de marlotte. 18Enfin le budget consacrĂ© aux manteaux par la reine est trĂšs important 1219 l. t. et la frĂ©quence des mentions est plus abondante que chez le roi 21 contre 5 ; il est possible qu’elle les utilisait en vĂȘtement d’intĂ©rieur pour se prĂ©server du froid, comme le fait Henri avec la robe. L’un d’eux, de satin blanc dĂ©coupĂ©, est un manteau de nuit 56 ro. Le mĂ©trage de 7 Ă  13 a. et les tissus luxueux employĂ©s, sans compter les ornements, les parements voire la doublure de fourrure loup, dos de gris, vair blanc ou hermine font du manteau la piĂšce la plus coĂ»teuse de la garde-robe. Le fourrage d’un manteau de damas noir de plus de neuf cents de dos de gris coĂ»te Ă  lui seul plus de 144 livres. La fourniture d’un peu plus de 13 a. de satin blanc de Florence rayĂ© d’or fin, Ă  20 l./a., coĂ»te Ă  elle seule 263 livres, achat textile le plus cher de l’annĂ©e ! De telles sommes font percevoir combien la question vestimentaire est, pour le couple royal, placĂ©e sous le signe de la magnificence. Magnificence et cosmopolitisme 19Les comptes des Argenteries tĂ©moignent d’une magnificence que l’on peut mesurer Ă  l’aune des dĂ©penses vestimentaires du couple. La magnificence est une qualitĂ© jugĂ©e essentielle chez un souverain puissant. Elle s’exprime Ă  travers l’ornementation et les couleurs des vĂȘtements d’Henri II et de Catherine dont les garde-robes s’avĂšrent ĂȘtre cosmopolites. Magnificence des apparences royales 26 . Ordonnance du 12 juillet 1549, dans Recueil gĂ©nĂ©ral des anciennes lois françaises, depuis l’an 42 ... 27 . S’agirait-il du paiement tardif de dĂ©penses pour les noces de Louis Ier de Bourbon 1530-1569, d ... 28 . Voir la note 16. 29 . Par exemple Francisque Pellegrin, La Fleur de la science de pourtraicture et patrons de broderie ... 30 . Si on totalise une dĂ©pense importante de 789 l. pour les chemises du roi et si on trouve pour la ... 20Henri II et Catherine de MĂ©dicis, on l’a vu, apprĂ©cient les textiles luxueux qui attestent de leur capacitĂ© Ă  se livrer Ă  des dĂ©penses que les lois somptuaires interdisent Ă  nombre de leurs sujets, [
] afin qu’il demeure aux princes et princesses [
] quelque difference en leurs accoustremens [
] »26. Mais le tissu ne contribue pas Ă  lui seul Ă  la magnificence de l’apparence, attribut de la dignitĂ© princiĂšre. Souverains d’une cour brillante dans laquelle ils doivent pouvoir ĂȘtre distinguĂ©s, Henri et Catherine apprĂ©cient Ă©normĂ©ment les ornements que l’on y coud. En tĂ©moignent les trĂšs nombreux achats de passementerie prĂ©cieuse passements, cordons, nattes, franges, houppes, bizette d’or parfois faicte en fleur de lys » de soie, d’or ou d’argent pour chamarrer le vĂȘtement ou encore ceux de fil d’or ou d’argent pour broderie et ceux de boutons d’or, parfois Ă©maillĂ©s de noir et blanc 908 livres pour la reine, 2 017 pour le roi ! Ce dernier consacre ainsi une somme rondelette de 523 livres pour acheter du fil et de la cartisane d’or pour les broderies ainsi que des franges d’or, le tout cousu avec abondance de fil de soie, pour le seul ornement d’une sĂ©rie d’accoutrements qu’il se fait faire pour les noces de M. d’Anguien manteau de velours noir, collet de velours blanc, pourpoint de satin blanc et hauts-de-chausses de satin blanc 28 vo27. Les deux portraits en pied d’Henri II, certes peints aprĂšs 1557, l’un vĂȘtu de blanc avec un manteau court brodĂ© d’argent et l’autre vĂȘtu d’un saye et d’une cape rayĂ©s de cordon d’or fig. 2, donnent un aperçu de l’effet visuel produit par ces ornementations28. Si au xvie siĂšcle fleurissent les recueils imprimĂ©s de motifs de broderie, ceux-ci ne sont pas dĂ©crits par les comptes pour lesquels le poids de mĂ©tal ou fil prĂ©cieux est plus important que la forme brodĂ©e29. Un seul exemple est citĂ© des gerbes d’or » brodĂ©es sur un corps de taffetas blanc de la reine 57 vo. Les comptes gardent aussi la trace de chemises brodĂ©es, essentiellement pour le roi, pour la façon de chemises brodĂ©es de soie cramoisie, noire ou blanche ou encore de fil d’or que rappelle le col Ă  l’italienne du roi dans son portrait en pied vĂȘtu de noir fig. 230. En revanche, pour la reine, on rencontre un achat de quarante-cinq mouchoirs ouvrĂ©s de soie noire ou cramoisie 51 ro ; 77 car tenu Ă  la main, le mouchoir se fait aussi parure. Fig. 2 - D’aprĂšs François Clouet, Henri II, roi de France en 1547, 1559, huile sur bois 30 × 22 cm. Versailles, musĂ©e national des chĂąteaux de Versailles et de Trianon, MV 3175. Copie d’un original conservĂ© au Louvre. 31 . François Clouet, Françoise de BrĂ©zĂ©, dame de la Marck, duchesse de Bouillon, v. 1543, Chantilly, ... 32 . Anonyme, Henri II, 1555, Le Puy-en-Velay, musĂ©e Crozatier. 33 . Christine Aribaud, Les taillades dans le vĂȘtement de la Renaissance l’art des nobles dĂ©chirur ... 21Les souverains apprĂ©cient aussi beaucoup les effets créés ton sur ton et en relief sur le vĂȘtement. Les vĂȘtements bandĂ©s sont frĂ©quents, obtenus par couture de bandes de tissu de mĂȘme couleur que le vĂȘtement mais d’une autre matiĂšre par exemple, bandes de velours sur satin. Le portrait au crayon de la duchesse de Bouillon par F. Clouet donne un aperçu de cette technique31. Les effets procĂšdent aussi de dĂ©coupages dans le tissu par des crĂ©neaux bordant le vĂȘtement chez le roi et bien sĂ»r par une variĂ©tĂ© d’entailles dans le tissu ou le cuir dont le portrait du musĂ©e Crozatier du Puy fig. 1 donne quelques exemples au collet et aux manches32. DĂ©coupĂ©, mouchetĂ©, tailladĂ©, etc., le vĂȘtement acquiert ainsi plus d’aisance mais tĂ©moigne aussi d’une esthĂ©tique de la dĂ©chirure dont les dispositions peuvent ĂȘtre raffinĂ©es33. Raffinement qu’apprĂ©cie aussi la reine pour les manches de ses robes et cottes, telle cette robe de velours noir decouppĂ© tout alentour Ă  lozenges ensemble par les manches et le corps » 47 ro. 34 . 460 l., par exemple, par la reine pour une grosse chaĂźne d’or pour le lĂ©gat du pape venu Ă  la cou ... 35 . C’est la deduction du sumptueux ordre, plaisants spectacles et magnifiques théùtres dressĂ©s et ex ... 22L’expression de la magnificence royale passe bien sĂ»r par le port de parures de bijoux et pierres prĂ©cieuses. Celles-ci figurent dans les dĂ©penses d’orfĂšvrerie – prĂšs de huit fois plus importantes chez la reine que chez le roi 3215 l. – certes consacrĂ©es Ă  l’orfĂšvrerie de maison mais surtout aux rĂ©parations et achats de bijoux chaĂźnes, patenĂŽtres et de quelques pierreries. Roi et reine consacrent en la matiĂšre un budget trĂšs important pour des dons Ă  des gentilshommes de la cour ou Ă  des personnages importants de passage34. Mais contrairement Ă  la reine, le roi dĂ©pense peu pour lui-mĂȘme essentiellement des crochets d’or ou d’argent en façon de boutonniĂšres [
] et Ă©maillez de blanc et noir » 35 vo. Pourtant ses dĂ©penses tĂ©moignent de façon de bonnets de velours noir garnis de boutons de rubis, de chaĂźnes d’or, de perles et de boutons de cristal, qu’agrĂ©mentent les nombreuses garnitures de plumes garnies de franges d’or/argent achetĂ©es au plumassier auquel il consacre une somme importante 253 l.. La reine fait faire ceintures, patenĂŽtres, chaĂźnes Ă  coudre », Ă  faire des boutonniĂšres » ou Ă  mectre au col ». L’une d’elles ressemble Ă  celle peinte sur son portrait conservĂ© Ă  Versailles v. 1556 fig. 3 fecte de 33 pilliers tous rondz, semĂ© de [dessin de deux C] entrelassez, percez a jour, taillez et esmaillez de blanc et de noir et garny de fondz d’argent bruny par dedans » 146 l., 32 ro. Les chiffres monogrammĂ©s sont alors trĂšs apprĂ©ciĂ©s en joaillerie comme en broderie, comme en tĂ©moigne le portrait d’Henri II conservĂ© au Puy fig. 1. Catherine fait aussi agrĂ©menter les cornettes pendantes de ses caractĂ©ristiques chaperons Ă  la française fig. 3 de tresseure de fil d’or » 51 ro et allonger un touret d’or garni de diamants, rubis et perles 286 l., 33 vo. Mais nulle trace, dans le compte de 1556, de ces guimpes et rĂ©silles de perles qui parent ses dĂ©colletĂ©s dans les portraits des annĂ©es 1550 fig. 3. AgrĂ©mentĂ©s de ces parures que reprennent Ă  l’envie les portraits officiels, afin de signifier la magnificence et la majestĂ©, les souverains brillent d’un feu qu’encensent les chroniqueurs de l’entrĂ©e rouennaise de 1550, comparant la vĂȘture de la reine Ă  un ciel Ă©tincelant d’étoiles quand celle du roi cause une copieuse rĂ©verbĂ©ration Ă  son auguste face »35. Nous ne sommes pas loin du Roi-Soleil
 Fig. 3 - D’aprĂšs François Clouet, Catherine de MĂ©dicis, reine de France, vers 1556, huile sur bois 31 × 22 cm. Versailles, musĂ©e national des chĂąteaux de Versailles et de Trianon, MV 3179. Magnificence chromatique 36 . Voir par exemple Denis Crouzet, Le haut cƓur de Catherine de MĂ©dicis une raison politique aux t ... 37 . Monique Chatenet, La cour de France au xvie siĂšcle vie sociale et architecture, Paris, C. Picar ... 38 . BrantĂŽme, Recueil des Dames, poĂ©sies et tombeaux, Ă©d. par É. Vaucheret, Paris, Gallimard, 1991, I ... 39 . Elle s’habilloit tousjours fort bien et superbement, et avoit tousjours quelque gentille et nou ... 23À la lecture des comptes s’éloigne la reprĂ©sentation austĂšre des deux souverains donnĂ©e par l’imagerie historique. En 1556, Catherine de MĂ©dicis n’a rien de la sombre reine toujours vĂȘtue de noir, devenue un de nos repĂšres visuels de la France du xvie siĂšcle. La reine cultiva en effet cette image aprĂšs son veuvage et cette apparence contribua Ă  alimenter l’image noire de la gouvernante qu’elle fut pendant les guerres de religion, image actuellement reconsidĂ©rĂ©e par l’historiographie36. En 1556 Catherine a tout d’une reine, magnifique en ses apparences, Ă  la rĂ©putation dĂ©pensiĂšre. L’ambassadeur vĂ©nitien Soranzo rapporte en 1550 qu’elle s’habille magnifiquement, de sorte que le vĂȘtement qu’elle porte un jour ne se voit plus pendant de nombreux mois »37. Vingt ans plus tard, une rĂ©flexion faite Ă  sa fille Marguerite, qui dĂ©sespĂšre de quitter la cour de France et la mode qui courre » pour rejoindre son mari en Navarre 1578, tĂ©moigne de la conception que Catherine a du rĂŽle d’une souveraine en matiĂšre d’innovation. C’est Ă  vous, lui dit-elle, d’inventer et produire les belles façons de s’habiller » et oĂč que vous alliez, la court les prendra de vous et non vous de la court »38. BrantĂŽme, qui fit ses dĂ©buts Ă  la cour en 1556, insiste sur les habits superbes et sur l’inventivitĂ© de Catherine Ă  cette pĂ©riode39. Mais quelle façon suit le couple royal en 1556-1557 alors que celle d’Espagne rayonne en Europe et s’impose dans le vestiaire des Ă©lites europĂ©ennes ? 40 . Sophie Jolivet, La construction d’une image Philippe le Bon et le noir », dans le prĂ©sent vol ... 41 . Michel Pastoureau, Noir histoire d’une couleur, Paris, Éditions du Seuil, 2008. 42 . BrantĂŽme, ƒuvres complĂštes du seigneur de BrantĂŽme
, Paris, Foucault, 1822-1823, 7 vol., t. II 1 ... 24Le noir est certainement la couleur la plus frĂ©quente des deux vestiaires royaux, suivie du blanc tableaux 3 et 4. La prĂ©sence importante du noir dans les garde-robes royales n’est pas neuve. L’usage en Ă©tait dĂ©jĂ  bien Ă©tabli dans celle de François Ier et le siĂšcle antĂ©rieur fut dĂ©jĂ  un grand siĂšcle du noir », de grands princes tels que le duc de Bourgogne ayant construit leur image autour de cette couleur40. La cour d’Espagne hĂ©rite de cet attachement et le noir en devient le signe identitaire au xvie siĂšcle sans qu’il lui soit pourtant rĂ©servĂ©. Le noir princier n’a rien du noir austĂšre des religieux, des magistrats ou de la vertu chrĂ©tienne que veut y voir la RĂ©forme protestante41. C’est un noir riche et dense sur des velours, satin, damas et taffetas coĂ»teux. Les multiples ornements vus prĂ©cĂ©demment tirent profit de l’effet visuel provoquĂ© par les jeux de contrastes qu’ils opĂšrent. Il en est de mĂȘme du blanc qui suit de prĂšs pour certains vĂȘtements le pĂŽle chromatique si important du noir dans les couleurs favorites du couple. Il n’est donc guĂšre surprenant que les portraits royaux survivants des annĂ©es 1550 soient en noir ou en blanc fig. 1 et 3. Le roi, en tout cas, fit du blanc et du noir ses couleurs emblĂ©matiques par esprit de chevalerie car elles Ă©taient celles de sa maĂźtresse, Diane de Poitiers, veuve du grand sĂ©nĂ©chal Louis de BrĂ©zĂ©42. Tableau 3 Couleurs des vĂȘtements de la reine 1556 par frĂ©quence de mention Robes Cottes Jupes Manches Corps Manteaux Chausses Non mentionnĂ©e 1 1 1 3 7 Argent ou or 3 2 1 2 Blanc 3 12 2 9 1 3 19 Bleu 1 Rouges 4 10 4 2 1 4 Violet 1 Jaunes 1 6 2 1 1 OrangĂ© 1 Vert 1 Gris 2 3 2 1 5 1 Noir 20 13 0 5 3 11 2 Total 35 47 9 19 12 21 36 Tableau 4 Couleurs des vĂȘtements du roi 1557 par frĂ©quence de mention Pourpoints Hauts-de-chausses Bas-de-chausses Sayes Collets Robes Non mentionnĂ©e 6 4 Blanc 10 5 5 9 Blanc rayĂ© 5 Rouges 4 1 1 Violet 2 1 1 Jaunes 5 1 1 1 OrangĂ© 1 1 1 Noir 7 3 3 8 8 19 Total 40 12 12 8 22 19 43 . L’ordonnance somptuaire d’Henri II, en 1549, insiste sur cette distinction, n’accordant aux genti ... 44 . BrantĂŽme, ƒuvres complĂštes
, op. cit., p. 366. Dans le compte de 1556, mention de la façon d’une ... 45 . Alonso SĂĄnchez Coello, Isabelle de Valois, v. 1560, Vienne, Kunsthistorisches Museum. 25Le noir n’a pourtant pas chromoclastĂ© les garde-robes des souverains dont la palette est loin d’ĂȘtre monochrome blanc, gris, rouges, violet, jaune, orangĂ© voire vert et bleu se retrouvent dans les archives. Certes chez Henri II, les robes et sayes rencontrĂ©es en 1557 sont toutes noirs mais les mentions de pourpoints et hauts-de-chausses blancs, puis rouges, violets, couleurs royales, ou encore jaunes et orangĂ©s, souvent coordonnĂ©s Ă  des bas de mĂȘme couleur, sont bien plus nombreuses. Ces textiles colorĂ©s de qualitĂ© peuvent dĂ©passer en valeur les plus beaux noirs 16 l./a. par exemple pour un velours cramoisi rouge de Florence haute couleur, couleur rĂ©servĂ©e aux princes dans leurs vĂȘtements de dessus43. Le roi fait faire un splendide pourpoint de velours orangĂ©, doublĂ© de taffetas jaune orangĂ©, chamarrĂ© en long et en bies trois Ă  trois d’une bizette d’argent en forme de deux chesnettes », dĂ©coupĂ©, avec des crĂ©neaux au collet et aux bas des manches, assorti Ă  un haut-de-chausses de velours de mĂȘme couleur, bouillonnĂ© de satin jaune paille associĂ© Ă  des bas de serge jaune 57 vo, 58 vo, 63 vo, 64 vo. Il apprĂ©cie aussi les pourpoints de toile blanche rayĂ©e de soie rouge, noire ou blanche. Les couleurs supplantent d’ailleurs le noir chez le roi pour ses pourpoints et hauts-de-chausses, et le blanc occupe une place de choix. Catherine privilĂ©gie le noir pour ses robes la moitiĂ© des mentions mais moins pour ses cottes le quart des mentions pour lesquelles le blanc arrive Ă  part Ă©gale avec le noir. En revanche le vert, que BrantĂŽme dit ĂȘtre sa couleur fĂ©tiche jusqu’à son veuvage, n’est relevĂ© qu’une seule fois44. Mais or et argent, rouge cramoisi, incarnat et jaune, taffetas changeant jaune et bleu, jaune et rouge, jaune et blanc rehaussent ses apparences ; cottes, basquines et jupes Ă©tant proportionnellement beaucoup plus colorĂ©es que les robes, probablement afin de jouer sur le contraste avec celles-ci. Il y a fort Ă  penser que ces vĂȘtements colorĂ©s Ă©taient des vĂȘtements d’apparat, tels ceux reprĂ©sentĂ©s par SĂĄnchez Coello sur la fille aĂźnĂ©e du couple royal, Isabelle, mariĂ©e quelques annĂ©es plus tard Ă  Philippe II mais vĂȘtue Ă  la française sur ce portrait45. Magnificence Ă  la française ? 46 . Un autre exemple, en fo 28 vo, pour un changement de façon en une robe Ă  l’italienne mais sans pr ... 26Mais peut-on attribuer un caractĂšre national Ă  la maniĂšre de se vĂȘtir des souverains français ? C’est une question dĂ©licate car les comptes sont rarement prĂ©cis sur le style d’un vĂȘtement. Je pense nĂ©anmoins que lorsque silence de la source il y a, c’est parce qu’il va de soi que la piĂšce mentionnĂ©e n’a pas de forme particuliĂšre. L’Argenterie ne serait alors plus prĂ©cise que lorsque le vĂȘtement a une forme ou un type d’ornement qualifiĂ© d’étranger, telles certaines chamarrures sur les cols notamment ou dĂ©coupures associĂ©es Ă  l’expression Ă  l’espaignolle ». Mais quantitativement ces prĂ©cisions restent rares. Le qualificatif Ă  la française », par exemple, n’apparaĂźt qu’une seule fois dans les deux comptes, et seulement pour la reine Ă  l’occasion du changement de façon d’une robbe de velours qui estoit Ă  la françoise et qui a este mise Ă  l’italienne » 26 vo, ce qui demande six aunes supplĂ©mentaires au tailleur46. Le rĂ©emploi pour adapter un vĂȘtement Ă  une façon nouvelle, pour l’allonger ou l’élargir la reine est enceinte en 1556, ou pour prĂ©lever un Ă©lĂ©ment rĂ©utilisĂ© dans un autre vĂȘtement, tĂ©moigne d’une Ă©conomie du luxe oĂč l’on mĂ©nage les matĂ©riaux prĂ©cieux. C’est particuliĂšrement le cas pour les fourrures des manteaux et robes du roi. Pour fourrer l’une d’elles, on emploie une vieille panne de martre zibeline Ă  laquelle on ajoute trois manteaux de martres neuves Ă  30 livres le manteau 59 ro/vo. 47 . Voir le dessin de François Clouet, Catherine de MĂ©dicis, 1555, Londres, collection de M. G. Sltin ... 27Il est certain qu’en ces annĂ©es 1550 Henri et Catherine possĂšdent des vĂȘtements Ă  l’espagnole mais la nature des comptes les rend impossibles Ă  quantifier. On refait pour la reine une cotte de velours dans laquelle on a pris un corps faict Ă  l’espaignol » 40 ro. On achĂšte des passements pour une robe de drap gris fecte Ă  l’espaignolle » Ă  haut collet 40 ro, 54 vo. Le haut collet, montant sur la gorge, est une des caractĂ©ristiques rattachĂ©es Ă  cette mode par les comptes47, de mĂȘme que les aiguillettes façon d’espaigne » pour mettre aux bourrelets des manches de la reine 31 ro, aiguillettes abondamment employĂ©es dans le vĂȘtement espagnol. La reine fait ainsi rĂ©parer 94 fers d’aiguillettes pour garnir une robe Ă  l’espaignolle » 33 ro ! Pour le roi, la mention Ă  l’espagnole » n’apparaĂźt jamais pour les pourpoints et hauts-de-chausses que l’on retrouve alors prĂ©sents dans l’ensemble du vestiaire masculin europĂ©en. Ce n’est pas Ă  ces Ă©lĂ©ments que son compte attribue un label » national. En revanche, il prĂ©cise que le roi fait faire une robe de damas Ă  l’espagnole 27 vo, achĂšte plusieurs feutres Ă  l’espagnole avec leur cordon d’or ou d’argent, fait chamarrer Ă  l’espagnole le grand collet d’un caban de feutre blanc 40 ro et faire une paire de chausses dĂ©coupĂ©es Ă  l’espagnole 38 ro. 48 . Les autres mentions ne sont que des mentions de divers achats et façons sur des robes dont le com ... 49 . Isabelle Paresys, The Dressed Body The Moulding of Identities in 16th Century France », Cultu ... 50 . Fanny Cosandey, La reine de France symbole et pouvoir, xve-xviiie siĂšcle, Paris, Gallimard, 200 ... 51 . Correspondance de da Gambara Ă  la duchesse de Mantoue citĂ©e par M. Chatenet, La cour
, op. ... 52 . Sur les morales vestimentaires, voir Isabelle Paresys, ParaĂźtre et se vĂȘtir au xvie siĂšcle mo ... 28NĂ©anmoins, comme en matiĂšre de couleur, les comptes mettent Ă  mal toute idĂ©e d’un mode de se vĂȘtir unique, soit espagnol, soit français Ă  la cour des Valois. Les achats de grands mĂ©trages de tissus pour la reine ne sont en effet destinĂ©s qu’à des robes Ă  l’italienne, de damas gris ou de velours noir48. Chez le roi, les qualificatifs Ă©trangers sont surtout prĂ©sents pour les robes et manteaux un manteau de velours noir Ă  l’allemande 46 ro et un manteau d’écarlate rouge Ă  l’anglaise pour porter au camp » 39 ro, 41 vo, six robes Ă  l’allemande, une Ă  l’anglaise et une Ă  l’espagnole. Et, comme pour la reine, les mentions d’influences Ă©trangĂšres ne privilĂ©gient pas la façon espagnole. L’apparence des souverains est donc cosmopolite et joue avec les identitĂ©s comme c’est le cas d’ailleurs durant tout le siĂšcle en France ou en Angleterre49. Il est possible cependant, que lors de certaines cĂ©rĂ©monies, les souverains aient jouĂ© du caractĂšre national associĂ© au vĂȘtement, particuliĂšrement pour la reine, car c’est pour le sien robe, coiffes, manches que celui-ci est le plus frĂ©quemment mentionnĂ©. La reine de France, sacrĂ©e et couronnĂ©e, est en effet associĂ©e Ă  son Ă©poux dans la reprĂ©sentation monarchique50. NĂ©anmoins, on ne lui tient pas rigueur de maniĂšres de se vĂȘtir Ă©trangĂšres, modes que la reine peut affectionner particuliĂšrement du fait de son origine. DeuxiĂšme Ă©pouse de François Ier, ÉlĂ©onore d’Autriche s’habillait Ă  la portugaise presque tous les jours comme le font ses demoiselles qui sont au nombre de huit, vĂȘtues de satin gris » Ă©crivait un Mantouan, alors que son compte de l’Argenterie tĂ©moigne de pratiques plus cosmopolites51. Le caractĂšre français sera davantage exigĂ© des reines aux xviie et xviiie siĂšcles. On leur imposera de quitter la vĂȘture de la cour paternelle pour adopter celle de leur nouveau royaume. Il n’est pas impossible que le discours moraliste grandissant, dans la deuxiĂšme partie du xvie siĂšcle, contre l’inconstance vestimentaire et l’influence des modes Ă©trangĂšres qui pervertissent l’identitĂ© nationale, ait particuliĂšrement portĂ© ses fruits en ce qui concerne le corps vĂȘtu de la reine, Ă©pousĂ©e de plus en plus choisie chez une puissance ennemie Espagne, Autriche et mĂšre du futur roi de France52. 29MalgrĂ© la vision trĂšs Ă©clatĂ©e qu’ils donnent des garde-robes royales, les comptes de l’Argenterie de 1556 et 1557 tĂ©moignent de l’importance des dĂ©penses engagĂ©es par Catherine de MĂ©dicis et Henri II. Celles de la reine sont renchĂ©ries par l’importance des dĂ©penses d’orfĂšvrerie pour ses parures ou cadeaux. De nombreux fournisseurs participent Ă  la fabrication de leurs apparences mais les souverains n’emploient pas les mĂȘmes afin de faire bĂ©nĂ©ficier ainsi plus de personnes du privilĂšge d’approvisionner leur garde-robe. Celle-ci est riche en piĂšces vestimentaires dont les comptes gardent la trace via l’achat des textiles, l’acquisition de divers ornements ou le paiement de leur façon ou retouche. Si le roi fait faire nombre de pourpoints et hauts-de-chausses Ă  la mode, il apprĂ©cie le confort de longues robes fourrĂ©es. Les piĂšces sont encore plus variĂ©es chez la reine qui commande en abondance robes et cottes, mais les traces de basquines et vertugades restent fort modĂ©rĂ©es, sans doute en raison de ses grossesses. 53 . Voir aussi BrantĂŽme, Recueil des Dames
, op. cit., I, II, p. 36. 54 . Isabelle Paresys, Images de l’Autre vĂȘtu Ă  la Renaissance le recueil d’habits de François Des ... 30Les comptes de l’Argenterie tĂ©moignent aussi de la magnificence des souverains qui revĂȘtent des textiles coĂ»teux enrichis par diverses techniques d’ornementation en broderie, passementerie et orfĂšvrerie et par une gamme chromatique qui est loin de les enfermer dans le noir, celui-ci dĂ»t-il ĂȘtre luxueux. Roi et reine de France, Henri et Catherine n’en apprĂ©cient pas moins les façons Ă©trangĂšres pour certains de leurs vĂȘtements, ce qui leur donne une apparence cosmopolite. Ce cosmopolitisme est aussi apprĂ©ciĂ© Ă  la cour des Valois lors de mascarades et de spectacles de tragĂ©die, dont les comptes gardent la trace habits de Suisses pour la mascarade du roi, habits de Turcs et de Mores pour la tragĂ©die Sofonisba donnĂ©e par la reine Ă  Blois en 1556 et Ă  laquelle participent ses filles aĂźnĂ©es53. De la curiositĂ© pour ces habits estranges », le recueil d’habits de François Desprez rendra compte en 1562, inaugurant un genre Ă  succĂšs dans l’Europe de la Renaissance54. L’achat de ces travestissements pour les souverains et leurs courtisans ainsi que les dons de vĂȘtements ou tissus aux gens de leurs Maisons pour les noces, deuils ou services rendus, alimentent l’idĂ©e de la munificence et de la largesse royale qui, comme la magnificence, est une des qualitĂ©s jugĂ©es essentielles chez un souverain puissant. Mais ceci est un autre sujet. Haut de page Notes 1 . Pour le Moyen Âge français, parmi les travaux les plus rĂ©cents, voir Sophie Jolivet, Pour soi vĂȘtir honnĂȘtement Ă  la cour de Monseigneur le duc de Bourgogne costume et dispositif vestimentaire Ă  la cour de Philippe le Bon de 1430 Ă  1455, thĂšse de doctorat de l’universitĂ© de Bourgogne, 2003, consultable en ligne consultĂ© le 21 fĂ©vrier 2011. La bonne conservation des archives anglaises a permis les travaux de Maria Hayward, Dress at the Court of King Henry VIII, Leeds, Maney, 2007 et de Janet Arnold, Queen Elizabeth’s Wardrobe Unlock’d
, Ă©d. par J. Arnold, Leeds, Maney, 1988. Pour l’Italie, voir par exemple Roberta Orsi Landini et Bruna Nicoli, Moda a Firenze 1540-1580 lo stile di Eleonora di Toledo e la sua influenza, Firenze, Pagliai Polistampa, 2005. Pour l’Espagne, voir entre autres Carmen Bernis, Trajes y modas en la España de los Reyes CatĂłlicos, Madrid, Instituto D. VelĂĄzquez del Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, 1978-1979. 2 . Jacqueline Boucher, SociĂ©tĂ© et mentalitĂ©s autour de Henri III, Lille, Atelier reproduction des thĂšses, universitĂ© de Lille 3, 1981, 4 vol. et Deux Ă©pouses et reines Ă  la fin du xvie siĂšcle Louise de Lorraine et Marguerite de France, Saint-Étienne, Publications de l’universitĂ© de Saint-Étienne, 1995. 3 . Archives nationales, Paris, KK 118 1556 et KK 106 1557. L’article n’indiquera plus, dans son texte, que les folios des citations concernĂ©es. 4 . On ne conserve pas en France d’inventaire de garde-robe fait du vivant d’un souverain de la Renaissance ni mĂȘme Ă  leur dĂ©cĂšs Ă  l’exception de ceux partiels de deux reines veuves Catherine de MĂ©dicis, Louise de Lorraine. 5 . État de la maison de Catherine de MĂ©dicis, 1547-1585 BNF, ms. fr. nouv. acq. 9175, f. 379-394, Ă©d. par C. zum Kolk, Cour de France. fr, 19 octobre 2007, consultĂ© le 16 fĂ©vrier 2011. Voir aussi Caroline zum Kolk, The Household of the Queen of France in the Sixteenth Century », The Court Historian, vol. 14, no 1, juillet 2009, p. 3-22 ; ici, p. 19. 6 . Ordonnance du roi pour le rĂšglement de la cour et du conseil, Lyon, 10 septembre 1574, BNF, ms. fr. 21 451, fo 48 ro. 7 . C. zum Kolk, art. cit., p. 18. 8 . M. Hayward, op. cit., chap. III. 9 . Corinne ThĂ©pault-Cabasset, Le service de la Garde-Robe une crĂ©ation de Louis XIV », dans Fastes de cour et cĂ©rĂ©monies royales le costume de cour en Europe, 1650-1800, dir. P. Arizzoli-ClĂ©mentel et P. Gorguet-Ballesteros, Versailles/Paris, ChĂąteau de Versailles/RMN, 2009, p. 28-33. 10 . Philippe Hamon, L’argent du roi les finances sous François Ier, Paris, ComitĂ© pour l’histoire Ă©conomique et financiĂšre de la France, 1994, p. 7. 11 . Natalie Zemon Davis, Essai sur le don dans la France du xvie siĂšcle, trad. D. Trierweiler, Paris, Seuil, 2003. 12 . Gages relevĂ©s par C. zum Kolk, art. cit., et par Micheline Baulant, Prix et salaires Ă  Paris au xvie siĂšcle sources et rĂ©sultats », Annales HSS, 1976, vol. 31, no 5, p. 983. Gages annuels d’un charretier pour l’HĂŽtel-Dieu de Paris entre 1561-1565. 13 . Clare Haru Crowston, Fabricating Women The Seamstresses of Old Regime France, 1675–1791, Durham, Duke University Press, 2001. 14 . Voir les DĂ©penses secrĂštes de François Ier », dans Les comptes des BĂątiments du roi 1528-1571, suivis de documents inĂ©dits sur les chĂąteaux royaux et les beaux-arts au xvie siĂšcle, Ă©d. par L. de Laborde, Paris, J. Baur, 1877-1880, 2 vol. [fac. sim Nogent-le-Roi, Librairie des arts et mĂ©tiers Ă©ditions, 1999], t. II, p. 199-274. 15 . Par exemple le portrait de Catherine v. 1556 avec robe noire, guimpe de pierreries, d’aprĂšs François Clouet, conservĂ© au chĂąteau de Versailles fig. 3 et celui en miniature de la reine v. 1555 par F. Clouet conservĂ© Ă  Londres, au Victoria & Albert Museum. 16 . Pour les portraits d’Henri II en habit noir, celui de l’atelier de F. Clouet xvie siĂšcle conservĂ© au Louvre, copie de celui du palais Pitti de Florence. Pour les portraits en blanc, celui par un anonyme milieu xvie siĂšcle conservĂ© au musĂ©e CondĂ© de Chantilly et celui conservĂ© au musĂ©e Crozatier du Puy 1555 fig. 1 ou encore le portrait en pied peint sur vĂ©lin v. 1550 conservĂ© au musĂ©e CondĂ©. 17 . R. Orsi Landini et B. Nicoli, Moda a Firenze
, op. cit., p. 200. 18 . L’aune de Paris fait 1,188 m. 19 . Le collet est un mot polysĂ©mique qui peut dĂ©signer un col ou bien ce type de vĂȘtement. 20 . Saye nom masculin, pourpoint Ă  basques au xvie siĂšcle, dit aussi sayon selon François Boucher, Histoire du costume en Occident des origines Ă  nos jours, Paris, Flammarion, 1996, p. 473. Mais cette appellation-lĂ  n’apparaĂźt pas dans les comptes. 21 . Voir la note 15. a. » pour aune ». 22 . Voir l’usage qu’en font les Ă©lites d’alors dans Isabelle Paresys, Le noir est mis. Les puys d’Amiens, ou le paraĂźtre vestimentaire des Ă©lites urbaines Ă  la Renaissance », Revue d’histoire moderne & contemporaine, no 56-3, juillet-septembre 2009, p. 66-91. 23 . École française, Catherine de MĂ©dicis, v. 1548, Florence, palais Pitti, et F. Boucher, Histoire du costume
, op. cit., p. 462. 24 . Ibid., p. 456. 25 . Corneille de Lyon, Catherine de MĂ©dicis, v. 1536, Versailles, musĂ©e national des chĂąteaux de Versailles et de Trianon et note 29. 26 . Ordonnance du 12 juillet 1549, dans Recueil gĂ©nĂ©ral des anciennes lois françaises, depuis l’an 420, jusqu’à la RĂ©volution de 1789, Ă©d. par Isambert, Decrusy et Armet, Paris, Belin-Leprieur/VerdiĂšre, 1821-1833, 29 vol., t. XIII 1828, p. 102. 27 . S’agirait-il du paiement tardif de dĂ©penses pour les noces de Louis Ier de Bourbon 1530-1569, duc d’Enghien, avec ÉlĂ©onore de Roye en 1551 ? 28 . Voir la note 16. 29 . Par exemple Francisque Pellegrin, La Fleur de la science de pourtraicture et patrons de broderie façon arabicque et italique, Paris, J. Nyverd, 1530. 30 . Si on totalise une dĂ©pense importante de 789 l. pour les chemises du roi et si on trouve pour la reine des achats de toile fine de Hollande pour faire son menu linge », on ne relĂšve pour elle que deux mentions d’achat de bizette et de cordon d’or pour garnir une chemise 9 ro. Le roi fait faire cinq douzaines de chemises de fine toile. 31 . François Clouet, Françoise de BrĂ©zĂ©, dame de la Marck, duchesse de Bouillon, v. 1543, Chantilly, musĂ©e CondĂ©. 32 . Anonyme, Henri II, 1555, Le Puy-en-Velay, musĂ©e Crozatier. 33 . Christine Aribaud, Les taillades dans le vĂȘtement de la Renaissance l’art des nobles dĂ©chirures », dans ParaĂźtre et se vĂȘtir au xvie siĂšcle actes du colloque du Puy-en-Velay, Ă©d. par M. Viallon, Saint-Étienne, PUSE, 2006, p. 145-158. 34 . 460 l., par exemple, par la reine pour une grosse chaĂźne d’or pour le lĂ©gat du pape venu Ă  la cour nĂ©gocier une intervention française en Italie 12 ro. 35 . C’est la deduction du sumptueux ordre, plaisants spectacles et magnifiques théùtres dressĂ©s et exhibĂ©s par les citoiens de Rouen
 Ă  la sacrĂ©e maistĂ© du tres christian Roy de France Henry second, Rouen, E. Cagniard, 1885, non paginĂ©. 36 . Voir par exemple Denis Crouzet, Le haut cƓur de Catherine de MĂ©dicis une raison politique aux temps de la Saint-BarthĂ©lemy, Paris, Albin Michel, 2005. 37 . Monique Chatenet, La cour de France au xvie siĂšcle vie sociale et architecture, Paris, C. Picard, 2002, p. 191. 38 . BrantĂŽme, Recueil des Dames, poĂ©sies et tombeaux, Ă©d. par É. Vaucheret, Paris, Gallimard, 1991, I, V, p. 323-327. 39 . Elle s’habilloit tousjours fort bien et superbement, et avoit tousjours quelque gentille et nouvelle invention », ibid., I, II, p. 34. 40 . Sophie Jolivet, La construction d’une image Philippe le Bon et le noir », dans le prĂ©sent volume. 41 . Michel Pastoureau, Noir histoire d’une couleur, Paris, Éditions du Seuil, 2008. 42 . BrantĂŽme, ƒuvres complĂštes du seigneur de BrantĂŽme
, Paris, Foucault, 1822-1823, 7 vol., t. II 1822, p. 336. 43 . L’ordonnance somptuaire d’Henri II, en 1549, insiste sur cette distinction, n’accordant aux gentilshommes le port de ces coloris qu’aux pourpoints et hauts-de-chausses, et Ă  leurs femmes qu’aux manches et cottes et non Ă  leurs robes. 44 . BrantĂŽme, ƒuvres complĂštes
, op. cit., p. 366. Dans le compte de 1556, mention de la façon d’une robe de velours vert chamarrĂ©e de passements jaunes et verts 55 ro. 45 . Alonso SĂĄnchez Coello, Isabelle de Valois, v. 1560, Vienne, Kunsthistorisches Museum. 46 . Un autre exemple, en fo 28 vo, pour un changement de façon en une robe Ă  l’italienne mais sans prĂ©cision de la façon de la robe modifiĂ©e. 47 . Voir le dessin de François Clouet, Catherine de MĂ©dicis, 1555, Londres, collection de M. G. Slting. 48 . Les autres mentions ne sont que des mentions de divers achats et façons sur des robes dont le compte n’indique pas l’achat des tissus de dessus dans l’annĂ©e. Sur l’ensemble des mentions de robes du compte, dix concernent les italiennes. 49 . Isabelle Paresys, The Dressed Body The Moulding of Identities in 16th Century France », Cultural Exchange in Early Modern Europe, Ă©d. par R. Muchembled, vol. 4, Forging European Identities, 1400–1700, Ă©d. par H. Roodenburg, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, chap. VI, p. 227-257 ; J. Arnold, Queen Elizabeth’s
, op. cit., chap. VI. 50 . Fanny Cosandey, La reine de France symbole et pouvoir, xve-xviiie siĂšcle, Paris, Gallimard, 2000. 51 . Correspondance de da Gambara Ă  la duchesse de Mantoue citĂ©e par M. Chatenet, La cour
, op. cit., p. 191. 52 . Sur les morales vestimentaires, voir Isabelle Paresys, ParaĂźtre et se vĂȘtir au xvie siĂšcle morales vestimentaires », dans ParaĂźtre et se vĂȘtir
, op. cit., p. 15-16. 53 . Voir aussi BrantĂŽme, Recueil des Dames
, op. cit., I, II, p. 36. 54 . Isabelle Paresys, Images de l’Autre vĂȘtu Ă  la Renaissance le recueil d’habits de François Desprez 1562-1567 », Journal de la Renaissance, vol. 4, mai 2006, p. de page Table des illustrations Titre Fig. 1 - École française, Henri II, 1555, huile sur bois 109 × 77 cm. Le Puy-en-Velay, musĂ©e Crozatier, inv. Inscriptions HENRICVS II FRAC / REX XRIANISSIMVS / ANNO ÆTATIS SVÆ / XXXVII – 1555 URL Fichier image/jpeg, 92k Titre Fig. 2 - D’aprĂšs François Clouet, Henri II, roi de France en 1547, 1559, huile sur bois 30 × 22 cm. Versailles, musĂ©e national des chĂąteaux de Versailles et de Trianon, MV 3175. Copie d’un original conservĂ© au Louvre. URL Fichier image/jpeg, 180k Titre Fig. 3 - D’aprĂšs François Clouet, Catherine de MĂ©dicis, reine de France, vers 1556, huile sur bois 31 × 22 cm. Versailles, musĂ©e national des chĂąteaux de Versailles et de Trianon, MV 3179. URL Fichier image/jpeg, 120k Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Isabelle Paresys, VĂȘtir les souverains français Ă  la Renaissance les garde-robes d’Henri II et de Catherine de MĂ©dicis en 1556 et 1557 », Apparences [En ligne], 6 2015, mis en ligne le 25 aoĂ»t 2015, consultĂ© le 17 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Elles sont caissiĂšres, mĂ©nagĂšres, serveuses, enseignantes ou bibliothĂ©caires. Elles sont aussi prostituĂ©es ou danseuses nues. Mais rarement les femmes Ă  l'Ă©cran dans les films quĂ©bĂ©cois rĂ©alisĂ©s par des hommes sont voyageuses, aventuriĂšres, pionniĂšres, visionnaires ou hĂ©roĂŻnes. Aux acteurs, les grands rĂŽles; aux actrices, les personnages secondaires. Mis Ă  jour le 19 mars 2013 C'est du moins ce que conclut une Ă©tude inspirĂ©e des recherches du Gender Davis Institute aux États-Unis et rĂ©alisĂ©e pour le compte des RĂ©alisatrices Ă©quitables, un organisme qui milite pour une prĂ©sence accrue et plus Ă©quitable du travail des rĂ©alisatrices Ă  l'Ă©cran. À la source de cette Ă©tude, une question posĂ©e par la rĂ©alisatrice Marquise Lepage est-ce que le manque de femmes derriĂšre la camĂ©ra a un impact sur la reprĂ©sentation des femmes devant? Autrement dit, le sexe des cinĂ©astes fait-il une diffĂ©rence? La rĂ©ponse, c'est oui, Ă©videmment. Pour le prouver, une petite Ă©quipe de chercheuses, sous la direction d'Anna Lupien, se sont livrĂ©es Ă  une Ă©tude comparative en Ă©pluchant 35 films quĂ©bĂ©cois de 2011 comme Funkytown, Frisson des collines, Le sensde l'humour, Starbuck, Monsieur Lazhar, CafĂ© de Flore, La fille de Montreal et Nuit 1. Et comme sur les 35 films, 28 avaient Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par des hommes et seulement 7 par des femmes, les chercheuses ont compensĂ© le dĂ©sĂ©quilibre en y ajoutant cinq films rĂ©alisĂ©s par des femmes en 2010. Au total, 899 personnages parlants ont Ă©tĂ© examinĂ©s, dont 290 dans le dĂ©tail. Le rĂ©sultat n'est pas vraiment Ă©tonnant les hommes rĂ©alisent des films qui racontent des histoires de gars mettant en vedette des hĂ©ros masculins. Les femmes en font autant pour leur propre sexe, mais comme elles rĂ©alisent moins de films et avec seulement 15% des budgets de la SODEC et de TĂ©lĂ©film, leurs histoires et leurs hĂ©roĂŻnes occupent moins de temps-Ă©cran, ont moins de poids et n'arrivent pas Ă  devenir une rĂ©fĂ©rence sociale ou culturelle signifiante. Parmi les Ă©lĂ©ments les plus notables de cette Ă©tude, on apprend que les personnages fĂ©minins mis en scĂšne par des rĂ©alisateurs ont tendance Ă  ĂȘtre plus stĂ©rĂ©otypĂ©s que ceux imaginĂ©s par les femmes rĂ©alisatrices. En contrepartie, dans les films rĂ©alisĂ©s par les hommes, les personnages fĂ©minins ont un mĂ©tier dans 52% des cas. Le pourcentage est lĂ©gĂšrement plus Ă©levĂ© que le taux de 48% notĂ© dans les films rĂ©alisĂ©s par des femmes. Mais si les hommes font davantage travailler leurs personnages fĂ©minins, encore faut-il voir les mĂ©tiers qu'ils leur donnent. Dans les films rĂ©alisĂ©s par des hommes, 18% des personnages fĂ©minins sont secrĂ©taires ou serveuses, 15% sont enseignantes ou bibliothĂ©caires et 8% sont prostituĂ©es ou danseuses nues. Ce qui nous amĂšne Ă  l'Ă©pineuse question du sexe et de la nuditĂ©. Bien que les rĂ©alisatrices n'Ă©prouvent aucune gĂȘne ou pudeur Ă  tourner des scĂšnes de sexe comme en tĂ©moigne Nuit 1 d'Anne Émond, les rĂ©alisatrices sexualisent les personnages fĂ©minins cinq fois moins que les rĂ©alisateurs. Ces derniers n'ont pour ainsi dire pas besoin de scĂšnes de sexe pour vĂȘtir les personnages fĂ©minins de tenues sexy, pour fragmenter leurs corps en gros plan ou pour leur attribuer des signes de grande disponibilitĂ© sexuelle. Notez qu'il n'est pas question des scĂ©naristes dans cette Ă©tude, mĂȘme si ce sont eux qui inventent les histoires et crĂ©ent des personnages. Ce n'Ă©tait pas vraiment nĂ©cessaire. Les chercheuses ont en effet dĂ©couvert que sur les 12 films rĂ©alisĂ©s par des femmes, 11 avaient Ă©tĂ© scĂ©narisĂ©s par des femmes. Du cĂŽtĂ© des rĂ©alisateurs, sur les 28 films Ă©chantillonnĂ©s, 24 avaient Ă©tĂ© Ă©crits par des hommes, 2 par des femmes et 2 par une Ă©quipe mixte de scĂ©naristes. Bref, le clivage que l'on constate Ă  l'Ă©cran n'est que le prolongement de ce qui se passe Ă  l'Ă©tape de l'Ă©criture et de la scĂ©narisation. Pourquoi une telle Ă©tude, hormis le fait que le 8 mars approche? Pour la sociologue et fĂ©ministe Francine Descarries, qui a participĂ© Ă  l'Ă©tude, la raison est simple. Pour dĂ©mythifier le mythe de l'Ă©galitĂ©, a-t-elle dĂ©clarĂ© hier. Sous prĂ©texte que les femmes sont en nombre de plus en plus important dans la sociĂ©tĂ©, on a l'impression que tout est rĂ©glĂ©. Mais la discrimination perdure et les changements sont lents. Il faut absolument briser cette impression que les femmes n'ont plus besoin de lutter pour l'Ă©galitĂ©.» L'inĂ©galitĂ© vĂ©cue par les rĂ©alisatrices est d'autant plus criante que sur les bancs des Ă©coles de cinĂ©ma, les jeunes aspirantes cinĂ©astes sont aussi nombreuses que leurs camarades masculins. C'est au moment de dĂ©marrer leur carriĂšre que les choses se corsent alors qu'elles se butent Ă  des producteurs, diffuseurs et distributeurs froids ou indiffĂ©rents Ă  leurs histoires et Ă  leur imaginaire. C'est dire que dĂšs le fil de dĂ©part, on leur barre la route et on leur ferme, en somme, la porte du cinĂ©ma. À force de voir que leurs projets intĂ©ressent peu ou pas, les rĂ©alisatrices finissent par se dĂ©courager et par abandonner. Pourtant, lorsqu'elles arrivent Ă  se trouver un producteur et que leurs projets sont dĂ©posĂ©s aux institutions pour un financement, elles essuient rarement un refus. À la SODEC, par exemple, entre 2008 et 2011, les rĂ©alisatrices ont soumis 29,1% des projets de films et 28,3% ont Ă©tĂ© acceptĂ©s en production, une excellente moyenne au bĂąton. N'empĂȘche. Les rĂ©alisatrices demeurent minoritaires, marginalisĂ©es et condamnĂ©es Ă  des enveloppes budgĂ©taires qui n'ont pas augmentĂ© depuis vingt ans. Un jour, peut-ĂȘtre que les rĂ©alisatrices obtiendront la paritĂ© avec les rĂ©alisateurs. En attendant, le cinĂ©ma quĂ©bĂ©cois se prive et prive les spectateurs de leur diversitĂ©, de leur sensibilitĂ© et, ultimement, de leur vision du monde.

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