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RĂ©sumĂ©s VĂȘtir les souverains français Ă la Renaissance les garde-robes dâHenri II et de Catherine de MĂ©dicis en 1556 et 1557 - Bien que fort lacunaires dans leur conservation, les sĂ©ries documentaires comptables de lâArgenterie royale du xvie siĂšcle fournissent des milliers dâinformations sur les dĂ©penses de la garde-robe des souverains français. Ce domaine de recherche reste pourtant bien peu explorĂ© pour la France, par comparaison avec les Ă©tudes mĂ©diĂ©vales ou avec les travaux menĂ©s en Angleterre ou en Italie. Notre choix sâest portĂ© sur deux garde-robes inĂ©dites, celles dâHenri II et de son Ă©pouse Catherine de MĂ©dicis, dont on a la chance de conserver les registres pour la mĂȘme Ă©poque 1556-1557, fait rarissime dans ces sĂ©ries documentaires. Quelle est la vĂȘture du couple royal et de leur suite Ă un moment oĂč la mode espagnole est rĂ©putĂ©e dominer les apparences des Ă©lites europĂ©ennes ? Comment fonctionne concrĂštement lâĂ©conomie des garde-robes royales achats, dons, fournisseurs dâune cour itinĂ©rante, entretien, retouches et changements de façon ? Quels moments de la vie de cour suscitent des achats importants ? Les informations apportĂ©es par les comptes sont croisĂ©es avec les tĂ©moignages de contemporains et avec les portraits des souverains Ă cette Ă©poque de leur vie. Ă lâimage dâune Catherine de MĂ©dicis, aux longs voiles noirs de veuve, qui imprĂšgne notre mĂ©moire collective, pourrait se substituer celle dâune reine plus en couleurs. Dressing the French King and Queen in the Renaissance the Wardrobes of Henri II and Catherine de MĂ©dicis in 1556 and 1557 - Although largely incomplete, the Argenterie Royale accounting records from the sixteenth century list thousands of items pertaining to the wardrobe expenses of the French monarchs. This field of French historical research remains relatively unexplored in comparison to medieval studies and English or Italian research. This study focuses on two unpublished wardrobe registers, those of Henri II and his wife Catherine de MĂ©dicis, for which we are fortunate to possess the accounts for the same period 1556â57, an extremely rare occurrence in documentary records. How did the royal wardrobe budget actually work, in terms of purchases, gifts, suppliers to an itinerant court, and garment maintenance, alterations, and adjustments ? Which moments in court life prompted the largest expenses ? The information provided in the accounts is compared to descriptions made by contemporary witnesses and to royal portraits. A more colourful picture of the queen emerges, in the place of the traditional image of Catherine de MĂ©dicis wearing her long widowâs de page Texte intĂ©gral 1 . Pour le Moyen Ăge français, parmi les travaux les plus rĂ©cents, voir Sophie Jolivet, Pour soi vĂȘt ... 2 . Jacqueline Boucher, SociĂ©tĂ© et mentalitĂ©s autour de Henri III, Lille, Atelier reproduction des th ... 3 . Archives nationales, Paris, KK 118 1556 et KK 106 1557. Lâarticle nâindiquera plus, dans son ... 1Faute de conservation de vĂȘtements et dâinventaires de garde-robes, la sĂ©rie des rĂŽles de dĂ©penses de lâArgenterie royale est la seule source documentaire qui nous permette dâapprocher de prĂšs le contenu des garde-robes royales françaises de la Renaissance. MalgrĂ© une conservation fort fragmentaire pour le xvie siĂšcle, cette sĂ©rie apporte des milliers dâinformations sur les dĂ©penses des souverains. Pour autant ce domaine de recherche est encore bien peu explorĂ© pour la France de la Renaissance, par comparaison avec les Ă©tudes mĂ©diĂ©vales ou celles menĂ©es en Angleterre ou en Italie, voire en Espagne1. Seule Jacqueline Boucher avait commencĂ© Ă exploiter les quelques documents conservĂ©s pour Henri III et pour les reines Marguerite de Valois et Louise de Lorraine2. Jusquâaux derniĂšres annĂ©es du rĂšgne dâHenri IV, on ne conserve en effet que quelques registres Ă©pars. Mon choix sâest donc portĂ© sur deux registres, ceux des Argenteries dâHenri II et de Catherine de MĂ©dicis, miraculeusement prĂ©servĂ©s pour deux annĂ©es trĂšs proches, 1556 pour la reine et 1557 pour le roi, fait rarissime dans cette sĂ©rie documentaire et qui prĂ©sente lâavantage de permettre une comparaison des deux souverains3. NĂ©s en 1519, ceux-ci rĂšgnent de 1547 Ă 1559 et sont ĂągĂ©s de trente-sept et trente-huit ans au moment de la rĂ©daction des manuscrits. En 1556, la reine vient de donner naissance Ă des jumelles, ses derniers enfants. Leur cour est dĂ©crite comme somptueuse, rĂ©putation qui la poursuivra encore sous le non moins fastueux Louis XIV, puisque Mme de La Fayette situera lâaction de son roman La Princesse de ClĂšves 1678 Ă la cour dâHenri et de Catherine. Son Ă©clat masque pourtant un contexte assombri par une rĂ©pression accentuĂ©e envers les protestants et une politique extĂ©rieure anti-espagnole trĂšs coĂ»teuse expĂ©ditions militaires en Italie en 1556 et dĂ©faite de Saint-Quentin devant Philippe II en aoĂ»t 1557 qui mĂšnera Ă la paix de 1559. 2La vĂȘture des souverains relĂšve dâun budget annexe Ă celui de la Chambre aux deniers qui gĂšre habituellement les dĂ©penses des Maisons civiles royales. Il sâagit de lâArgenterie qui assume pour les Maisons du roi et de la reine les dĂ©penses ordinaires de matĂ©riel en mĂ©taux communs pour la Chapelle ou la Chambre, par exemple et vĂȘtements. De gros registres de parchemin de plus de cent-vingt pages chacun relĂšvent les milliers de dĂ©penses de lâannĂ©e. Ils sont tenus par les contrĂŽleurs des deux Argenteries. Que nous apprennent ces documents sur les pratiques vestimentaires du couple royal Ă un moment oĂč la mode espagnole est rĂ©putĂ©e dominer les apparences des Ă©lites europĂ©ennes ? Je tenterai de rĂ©pondre Ă la question en Ă©voquant tout dâabord ce que lâon peut comprendre de lâĂ©conomie de la garde-robe royale Ă partir des comptes. Puis jâexaminerai les vestiaires royaux avant de conclure sur leur magnificence et leur cosmopolitisme. Argenterie royale et Ă©conomie vestimentaire 3Afin dâapprĂ©hender correctement lâĂ©conomie et les apparences vestimentaires des souverains français, il est important de bien saisir la logique comptable des Argenteries avant dây mesurer la place des dĂ©penses vestimentaires et de dire quelques mots des fournisseurs. Logique comptable et garde-robe royale 4 . On ne conserve pas en France dâinventaire de garde-robe fait du vivant dâun souverain de la Renai ... 4La logique des registres nâest Ă©videmment pas la mĂȘme que celle de lâhistorien qui y recherche le reflet de la composition dâune garde-robe Ă un moment donnĂ© de la vie dâun souverain. Contrairement aux inventaires de garde-robe ou aux inventaires aprĂšs dĂ©cĂšs, le but de ces documents nâest pas dâen dĂ©crire le contenu, voire de le priser4. Il sâagit pour lâArgentier dâenregistrer les dĂ©penses par fournisseur ou artisan payĂ© dans lâannĂ©e, par quartier/trimestre pour le roi, par semestre pour la reine. Contrairement Ă celui de la reine, le registre du roi distingue trois postes gĂ©nĂ©raux par quartier offrandes, aumosnes et parties de la chapelle », dons, voiages, recompenses, affaires de chambre et menuz plaisirs » et enfin lâArgenterie ». Câest dans ce dernier que figure la quasi totalitĂ© des dĂ©penses de vĂȘture. En revanche, celles de la reine sont dispersĂ©es tout au long du registre. Le dĂ©tail des fournitures ou travaux nâintervient que pour justifier le montant de la somme versĂ©e au fournisseur. 5 . Ătat de la maison de Catherine de MĂ©dicis, 1547-1585 BNF, ms. fr. nouv. acq. 9175, f. 379-394, ... 6 . Ordonnance du roi pour le rĂšglement de la cour et du conseil, Lyon, 10 septembre 1574, BNF, ms. f ... 7 . C. zum Kolk, art. cit., p. 18. 8 . M. Hayward, op. cit., chap. III. 9 . Corinne ThĂ©pault-Cabasset, Le service de la Garde-Robe une crĂ©ation de Louis XIV », dans Fast ... 5Lâhistorien se retrouve donc face Ă un corpus qui donne une vision totalement Ă©clatĂ©e du vĂȘtement, les diverses informations concernant un mĂȘme habit Ă©tant dissĂ©minĂ©es entre diffĂ©rentes pages et fournisseurs/artisans. Le tout sâentremĂȘle avec des dĂ©penses diverses touchant la Chambre du souverain papeterie, textiles dâameublement et linge de maison ; rĂ©paration ou achat de meubles ou dâhuisserie ; sommes versĂ©es Ă des individus pour des raisons diverses transport, gratifications. Il nây a en effet pas de poste comptable spĂ©cifique rĂ©servĂ© Ă lâensemble des vĂȘtements pris en charge par lâArgenterie. Il nây a pas non plus de poste rĂ©servĂ© Ă la garde-robe royale proprement dite, câest-Ă -dire aux dĂ©penses personnelles des souverains. Lâoffice de maĂźtre de la Garde-Robe, dĂ©tenu par un noble, existe pourtant pour les deux Maisons. Chacun est assistĂ© dâun ou deux valets de garde-robe, des roturiers. Chez la reine, lâoffice du maĂźtre est rĂ©tribuĂ© 300 livres par an mais il y a aussi une dame dâatours qui est responsable de lâhabillage de sa maĂźtresse5. NĂ©anmoins, sur le plan comptable, ces personnages sont invisibles. Pourtant, placĂ© sous la tutelle, du premier gentilhomme de la Chambre qui arrĂȘte toutes les dĂ©penses ordinaires et extraordinaires de la Chambre comme celles de la Garde-Robe, selon le premier rĂšglement de cour rĂ©digĂ© sous Henri III en 1574, le maĂźtre de la Garde-Robe commande tout ce qui sera nĂ©cessaire pour la personne du roi » et rapporte ces dĂ©penses au contrĂŽleur de lâArgenterie6. La dame dâhonneur de la reine, Françoise de BrĂ©zĂ©, duchesse de Bouillon, qui cosigne le compte de la reine, joue pour la Chambre de la reine le mĂȘme rĂŽle que le premier gentilhomme7. Il nây a donc pas en France Ă cette Ă©poque de reconnaissance comptable » de la garde-robe royale, dans le sens oĂč celle-ci ne dispose pas dâune comptabilitĂ© ou dâun budget particulier Ă©quivalent Ă ce que lâon trouve au mĂȘme moment dans lâAngleterre des Tudor oĂč cette institution est beaucoup plus dĂ©veloppĂ©e8. Il faut attendre Louis XIV, qui crĂ©e lâoffice de grand maĂźtre de la Garde-Robe en 1669, pour voir renforcer cette institution curiale9. Elle disposera alors dâune comptabilitĂ© Ă part et les comptes de lâArgenterie ne contiendront plus de dĂ©penses vestimentaires. Argenterie et dĂ©penses vestimentaires 10 . Philippe Hamon, Lâargent du roi les finances sous François Ier, Paris, ComitĂ© pour lâhistoire Ă© ... 6Il faut se livrer Ă un long et patient travail pour repĂ©rer, dans la diversitĂ© des dĂ©penses, celles consacrĂ©es au vĂȘtement tableau 1. Celles-ci reprĂ©sentent plus de la moitiĂ© des dĂ©penses annuelles. Une autre partie est consacrĂ©e Ă dâautres dĂ©penses textiles ameublement et linge de lit, fils, dons de tissus par exemple pour des sommes Ă peu prĂšs Ă©quivalentes chez le roi ou chez la reine. Le roi alloue une somme relativement importante Ă lâentretien de la chapelle 1 144 livres quâil prend seul en charge, la reine nây consacrant quâun montant dĂ©risoire alors quâelle investit prĂšs de huit fois plus que le roi dans les dĂ©penses dâorfĂšvrerie. Celles-ci jouent en effet un rĂŽle important dans le paraĂźtre, non seulement dans lâameublement miroir dâargent pour la reine, chandeliers mais aussi pour la parure bijoux et pierres prĂ©cieuses Ă lâusage des souverains ou pour en faire don. LâArgenterie nâassure donc pas quâune fonction de consommation et de redistribution. Elle est aussi un lieu de thĂ©saurisation de mĂ©taux prĂ©cieux qui en fait une caisse de rĂ©serve pour la monarchie10. Enfin jâai regroupĂ©, dans une rubrique intitulĂ©e autres », les frais de menuiserie, de sellerie coffres, le matĂ©riel de rangement et dâentretien pour la garde-robe, les frais de transport divers, de nourriture des chiens de la Chambre, dâapothicaire le roi est malade en 1557, de papeterie, les achats dâinstruments de musique et les dons dâargent pour services rendus. Tableau 1 Postes de dĂ©penses de lâArgenterie royale en livres tournois Reine 1556 % Roi 1557 % VĂȘtements 16 473 58,48 11 583 55,04 Textiles autres 3 215 11,42 3 364 15,98 OrfĂšvrerie 5 093 18,08 639 3,04 Chapelle 14 0,05 1 144 5,43 Autres 3 372 11,97 4 317 20,51 Total Argenterie 28 167 100 21 047 100 11 . Natalie Zemon Davis, Essai sur le don dans la France du xvie siĂšcle, trad. D. Trierweiler, Paris, ... 12 . Gages relevĂ©s par C. zum Kolk, art. cit., et par Micheline Baulant, Prix et salaires Ă Paris au ... 7Les dĂ©penses vestimentaires sont les plus importantes et celles de Catherine surpassent celles dâHenri 16 473 livres tournois contre 11583 tableau 2. Il serait trompeur dâen dĂ©duire que la reine fait des dĂ©penses somptuaires plus importantes que le roi pour sa propre personne. Au contraire ! Si lâon dĂ©taille la rĂ©partition des dĂ©penses, on relĂšve que la reine supporte davantage sur son budget la pratique du don vestimentaire et de dĂ©penses festives mascarades qui tĂ©moignent des largesses royales envers la cour et entretiennent le lien social entre les souverains et les gens de leurs Maisons11. Les sommes consacrĂ©es au paraĂźtre vestimentaire des souverains sont Ă©videmment considĂ©rables si on les compare aux revenus de quelques-uns de leurs contemporains. Les 7 881 livres dĂ©pensĂ©es pour les vĂȘtements de la reine, par exemple, reprĂ©sentent un peu plus de 65 fois les gages dâune lavandiĂšre de sa Maison 120 l./an et un peu plus de 315 fois ceux dâun galopin de sa cuisine 25 l./an ou encore 320 fois ceux dâun charretier de ferme12. La facultĂ© du couple Ă dĂ©penser pour paraĂźtre, Ă la tĂȘte dâune cour brillante, sâexprime donc dans les comptes de lâArgenterie. En 1557 Henri II dĂ©pense cependant plus pour sa personne que ne le fait la reine en 1556. Il serait nĂ©anmoins aventureux de postuler, Ă partir de ces deux seules annĂ©es de compte rescapĂ©es de lâhistoire, quâil sâagit dâun Ă©cart habituel qui justifierait un principe selon lequel le paraĂźtre du roi supplante celui de la reine. LâĂ©cart peut nâĂȘtre que conjoncturel et surtout, la somme beaucoup plus importante consacrĂ©e par la reine Ă lâorfĂšvrerie corrigerait cette affirmation du fait dâun usage relativement important par cette derniĂšre de parures de cette nature. Tableau 2 DĂ©penses vestimentaires des souverains dans lâArgenterie royale en livres tournois Reine 1556 % Roi 1557 % VĂȘtements pour le souverain 7 881 47,84 8 355 72,13 Dons de vĂȘtements par le souverain 7 324 44,46 2 884 24,90 Masques et travestissements 1 268 7,70 344 2,97 Total 16 473 100 11 583 100 Fournisseurs et artisans 13 . Clare Haru Crowston, Fabricating Women The Seamstresses of Old Regime France, 1675â1791, Durham ... 8Marchands et artisans participent Ă la fabrique du paraĂźtre royal. Le montant imparti Ă chacun fut vraisemblablement rĂ©pertoriĂ© Ă partir de justificatifs et mĂ©moires acquittĂ©s fournis par ceux-ci mais dont on ne conserve pas la trace jusquâau rĂšgne de Louis XV. Lâexistence des deux comptes permet de comparer les fournisseurs pour les vĂȘtements et lâorfĂšvrerie. Deux constatations sâimposent. La premiĂšre est que la reine fait appel Ă un nombre plus important de personnes que le roi 24 contre 13. Ă type de fournisseur identique, Catherine de MĂ©dicis diversifie davantage les approvisionnements et la façon, employant, pour une commande Ă©pisodique, des marchands de tissus, des passementiers et des orfĂšvres en sus de ses fournisseurs habituels. Ces derniers portent accolĂ©s Ă leur profession les qualificatifs ordinaire », servant lâArgenterie » ou plus rarement servant la cour », labels qui leur garantissent des commandes rĂ©guliĂšres pour de coquettes sommes. Les femmes sont rares dans ces mĂ©tiers Ă lâexception des lavandiĂšres de corps » blanchisseuses des souverains et dâune lingĂšre de la reine. Deux veuves, ayant vraisemblablement pris le relais dâun mari dĂ©funt, apparaissent comme fournisseuses trĂšs Ă©pisodiques de la reine. Les mĂ©tiers de la mode sont avant tout masculins et il faut attendre le xviiie siĂšcle pour que les femmes y acquiĂšrent une reconnaissance professionnelle13. 14 . Voir les DĂ©penses secrĂštes de François Ier », dans Les comptes des BĂątiments du roi 1528-1571 ... 9La deuxiĂšme observation est que, Ă lâexception du linger Jehan Debeauquesne qui jouit du privilĂšge dâĂȘtre commun aux Ă©poux, les deux Argenteries font appel Ă des fournisseurs et artisans attitrĂ©s tous diffĂ©rents. Ainsi multiplient-elles le nombre de privilĂ©giĂ©s disposant du quasi monopole du marchĂ© curial que leur offre leur titre. Malheureusement les comptes ne prĂ©cisent pas la nationalitĂ© des marchands dont on sait que certains pouvaient ĂȘtre italiens, du moins dâaprĂšs les comptes de François Ier14. Ils ne citent quâexceptionnellement le domicile des fournisseurs qui doivent suivre la cour itinĂ©rante des Valois pour y faire leurs affaires. Ainsi parmi les trois marchands de soie de la reine, deux sont de Tours, citĂ© soyeuse avec Lyon, et lâautre de Paris, toutes villes de rĂ©sidence royale. Lâurgence dâune commande peut justifier la prĂ©sence dâun artisan Ă la cour, hors de son atelier, afin dâachever celle-ci. Le tailleur de la reine, Jehan Delannoy dit de Tours, est ainsi dĂ©dommagĂ© des dĂ©penses que lui occasionna un sĂ©jour de quatre jours Ă Paris pour y achever une robe et changer la façon dâune autre, et pour les avoir fait porter de Paris jusquâĂ Saint-Germain oĂč Ă©tait la reine 54 vo. Pierre dâAnjou, brodeur du roi, est dĂ©dommagĂ© pour plusieurs voyages entre Rennes, CompiĂšgne et Paris, oĂč devait se trouver le souverain, pour broder une sĂ©rie importante de ses vĂȘtements, travail de façon qui lui rapporta la coquette somme de 380 livres tournois 28 vo. Les brodeurs sont en effet les artisans les mieux rĂ©tribuĂ©s. Anatomie des vestiaires royaux 10Les comptes ne mentionnent que le nom de la personne Ă laquelle est destinĂ©e une dĂ©pense vestimentaire. On ne peut donc que supposer la participation des deux souverains Ă lâinitiative ou au choix des commandes. Quel type de vĂȘtements favorisent-ils ? Ceux-ci dĂ©terminent lâanatomie de leur corps vĂȘtu selon un vestiaire nettement sexuĂ© qui diffĂ©rencie le roi de la reine. Argenterie et typologie vestimentaire 15 . Par exemple le portrait de Catherine v. 1556 avec robe noire, guimpe de pierreries, dâaprĂšs Fra ... 16 . Pour les portraits dâHenri II en habit noir, celui de lâatelier de F. Clouet xvie siĂšcle conser ... 11Par comparaison avec dâautres sources, les comptes de lâArgenterie sont au plus prĂšs du quotidien vestimentaire des souverains. Les chroniques, par exemple, ne tĂ©moignent que des vĂȘtements dâapparat, somptueux et brillants, dâargent et or, chargĂ©s de pierres et perles, dont on loue la splendeur et les mille feux qui attestent de la majestĂ© royale. Mais dans nos comptes la mention de ces toiles reste exceptionnelle, et seulement chez la reine. Pas dâachat de celles-ci en tout cas en 1556 car ces vĂȘtements sont prĂ©cieusement conservĂ©s dans les coffres et rĂ©adaptĂ©s Ă la mode si besoin. Les comptes sont aussi plus proches de la pratique vestimentaire des souverains que ne le sont leurs quelques portraits peints conservĂ©s pour les annĂ©es 1550. Rares, souvent copiĂ©s ou posthumes, ces portraits peuvent avoir Ă©tĂ© rĂ©interprĂ©tĂ©s plusieurs annĂ©es plus tard avec quelques ajouts vestimentaires. Ils reprĂ©sentent en outre toujours Ă peu prĂšs la mĂȘme forme de vĂȘtement alors que les comptes en distinguent plusieurs15. Ces portraits donnent lâimage dâun vestiaire rĂ©duit Ă quelques tenues qui figent notre reprĂ©sentation de celui-ci Ă un type de vĂȘtement donnĂ© et Ă une palette en noir et blanc16. 17 . R. Orsi Landini et B. Nicoli, Moda a FirenzeâŠ, op. cit., p. 200. 12Cependant, si les comptes tĂ©moignent de vestiaires plus variĂ©s, ils posent au chercheur des problĂšmes insolubles pour qui imaginerait en extraire une sorte dâinstantanĂ© du contenu rĂ©el des garde-robes. Au contraire, on ne peut y percevoir que le reflet de celui-ci. Il est tout dâabord impossible de raisonner par vĂȘtement complet sa reconstitution, rassemblant lâensemble des fournitures et façons qui furent nĂ©cessaires Ă la fabrication, est bien difficile. Constat quâont pu faire par exemple les Ă©tudes sur les Giornali des vĂȘtements commandĂ©s pour la famille ducale florentine du xvie siĂšcle17. Les descriptions comptables, dissĂ©minĂ©es entre diffĂ©rentes pages, sont en effet loin dâĂȘtre toujours exhaustives et dĂ©taillĂ©es pour permettre de relier entre elles les informations concernant les textiles, les accessoires et la façon dâun mĂȘme habit. Des tissus peuvent aussi ĂȘtre simplement achetĂ©s pour ĂȘtre mis en rĂ©serve et utilisĂ©s plus tard, une pratique que lâon retrouve uniquement chez la reine. Catherine fait ainsi mettre de cĂŽtĂ© 829 livres de piĂšces de taffetas et de velours, dont une, trĂšs coĂ»teuse, de onze aunes de velours noir mouchetĂ© dâor, dâun montant de 253 livres, mis aux coffres pour lui faire habillement » 1556,35 ro. La plupart du temps, les comptes gardent la trace de lâachat dâun tissu, dâune doublure ou dâautres fournitures pour un vĂȘtement nommĂ© mais sans que lâon retrouve celle de la façon ou de lâornementation passements, broderie. Et inversement ! Ce qui laisse penser que les dĂ©lais de paiement pour un mĂȘme vĂȘtement peuvent sâĂ©taler sur plusieurs annĂ©es. Pour toutes ces raisons, la typologie vestimentaire des souverains abordĂ©e ici ne peut sâappuyer que, dâune part, sur le montant total des dĂ©penses faites pour une piĂšce donnĂ©e chausses, pourpoint, etc. citĂ©e dans un compte et, dâautre part, sur la frĂ©quence des mentions dâun type de vĂȘtement donnĂ©, qui offre seulement un aperçu de la quantitĂ© de piĂšces qui ont pu passer par chaque garde-robe. VĂ©ritable travail de fourmi pour le chercheur ! Vestiaire du roi 18 . Lâaune de Paris fait 1,188 m. 13Ce nâest pas le lieu ici dâĂ©numĂ©rer avec exhaustivitĂ© les trĂšs nombreuses piĂšces vestimentaires rencontrĂ©es. Il sâagit plutĂŽt dâen extraire les plus emblĂ©matiques, celles qui dĂ©terminent visuellement lâidentitĂ© de chaque corps vĂȘtu. Chez le roi, les mentions dâachat et façon pour les pourpoints sont les plus frĂ©quentes du corpus 40 suivies par celles des bas 29 et hauts-de-chausses, ainsi que par les collets 22 et les robes 19. Pourpoints, chausses et hauts-de-chausses oĂč pointe la virile braguette jamais mentionnĂ©e dans les comptes car fait tout-en-un avec ceux-lĂ sont en effet les piĂšces de base du vestiaire masculin, qui demandent un renouvellement frĂ©quent. Le roi a une prĂ©dilection pour les soieries trĂšs souvent importĂ©es dâItalie serge de Florence pour les bas ; satin de Florence et de GĂȘnes voire de Venise pour les pourpoints comme pour les hauts-de-chausses pour lesquels le velours est aussi apprĂ©ciĂ©, mais sa provenance nâest pas mentionnĂ©e ; doublures de taffetas idem. Ces textiles sont coĂ»teux, entre 4 et 12 livres lâaune, dans le cas du satin de Florence rouge ou violet18. Pour autant les piĂšces de base dont ils sont faits ne sont pas les plus coĂ»teuses chez le roi. Fig. 1 - Ăcole française, Henri II, 1555, huile sur bois 109 Ă 77 cm. Le Puy-en-Velay, musĂ©e Crozatier, inv. Inscriptions HENRICVS II FRAC / REX XRIANISSIMVS / ANNO ĂTATIS SVĂ / XXXVII â 1555 19 . Le collet est un mot polysĂ©mique qui peut dĂ©signer un col ou bien ce type de vĂȘtement. 20 . Saye nom masculin, pourpoint Ă basques au xvie siĂšcle, dit aussi sayon selon François Boucher, ... 21 . Voir la note 15. a. » pour aune ». 14Les plus coĂ»teuses sont Ă rechercher du cĂŽtĂ© des vĂȘtements de dessus et manteaux 1219 et surtout du cĂŽtĂ© des robes 1575 Par-dessus le pourpoint, le roi peut revĂȘtir un collet, au mĂ©trage Ă©quivalent Ă celui dâun pourpoint lorsquâil est en velours 1,5 a. ; 23 vo ou de cuir de buffle ou de maroquin dâEspagne blanc ou noir19. Il commande aussi des sayes 8 mentions au mĂ©trage plus important 2 a. Âčâ3 Ă ÂŸ car plus longs que les pourpoints du fait de leurs basques20. Les sayes peuvent ĂȘtre fourrĂ©s de martres et de loups cerviers, ce qui en accroĂźt le coĂ»t. En revanche, contrairement aux beaux portraits du roi vĂȘtu de blanc, tel celui du musĂ©e Crozatier du Puy fig. 1, pas de trace de manteaux fourrĂ©s ici dâhermine, ni brodĂ©s dâargent comme sur le portrait en blanc du musĂ©e CondĂ© de Chantilly. La mention de cape comme sur le portrait de pied en noir du Louvre est exceptionnelle mais avec emploi de textiles coĂ»teux, drap fin de Rouen ou Ă©carlate rouge 12 l./a.21. Un manteau Ă lâanglaise de 3 a. œ dâĂ©carlate rouge, bandĂ© de velours cramoisi de Florence, de passements dâor et de soie sur bandes de satin rouge cramoisi de Venise et ornĂ© de boutons dâor Ă longue queue » revient ainsi Ă plus de 210 l. pour les seules fournitures. Celui-ci est dâailleurs destinĂ© Ă ĂȘtre portĂ© au camp » 39 ro, 41 ro, 44 ro. La rĂ©fĂ©rence Ă lâactivitĂ© militaire du souverain apparaĂźt en effet Ă plusieurs reprises casaque de velours noir avec croix de toile dâargent pour mectre dessus le harnoys » 38 ro, collet de buffle pour servir Ă mectre sous les armes » 42 vo, pourpoint de canevas ou de chamois pour armĂ©e » 39 ro, 40 vo ou chausses Ă armer » tĂ©moignent de la pratique du tournoi par lequel le souverain perdra la vie en 1559 mais aussi du contexte de la guerre qui vient de reprendre contre lâEspagne et lâAngleterre. 22 . Voir lâusage quâen font les Ă©lites dâalors dans Isabelle Paresys, Le noir est mis. Les puys dâA ... 15Enfin, parmi les vĂȘtements les plus coĂ»teux du souverain figure la robe dans laquelle ses portraits se gardent bien de le reprĂ©senter. Le roi y est toujours vĂȘtu de court ou en armure. Il ne dĂ©tonne en cela en rien avec les pratiques de ses contemporains et les histoires du costume ont tort dâen rĂ©duire le port aux seuls magistrats et universitaires22. Avec ses longs mĂ©trages 5 a., la robe est en effet dâallure moins martiale mais, portĂ©e au-dessus des vĂȘtements Ă©voquĂ©s ci-dessus, elle constitue un trĂšs confortable habit dâintĂ©rieur dans les rĂ©sidences mal chauffĂ©es frĂ©quentĂ©es par la cour. Aussi Henri lâapprĂ©cie-t-il fort, comme lâatteste lâimportant budget qui y est consacrĂ© 1575 et le nombre de mentions qui la concernent 19. La prĂ©sence de fourrures martre zibeline, loup-cervier, les riches damas, velours ou satin, toujours noirs certes, mais de styles variĂ©s robes Ă lâallemande surtout, Ă lâespagnole ou Ă lâanglaise, chamarrĂ©s de passements de soie et bandĂ©es ton sur ton en font un vĂȘtement cossu. BrodĂ©e de fil dâor ou chamarrĂ©e de franges dâor, avec des taillades garnies dâaiguillettes dâor 27 vo, la robe quitte sa fonction de vĂȘtement dâintĂ©rieur pour lâapparat le roi en fait faire une de velours noir avec passements et broderies de fil dâor pour porter aux noces de monsieur dâAnguien 22 ro. Les vĂȘtements du roi sont conservĂ©s dans des coffres garnis de sachets de poudre de violette, raffinement olfactif que lâon ne rencontre pas dans le compte de la reine. Vestiaire de la reine 23 . Ăcole française, Catherine de MĂ©dicis, v. 1548, Florence, palais Pitti, et F. Boucher, Histoire d ... 16La robe est bien, avec les bas-de-chausses, la seule piĂšce commune aux deux vestiaires royaux. Encore est-elle bien diffĂ©rente pour la reine chez laquelle elle est aussi le vĂȘtement auquel elle consacre le plus de dĂ©penses dans lâannĂ©e 1885 avec de frĂ©quentes mentions 35. Le mĂ©trage nĂ©cessaire Ă la confection est important entre 10 et 15 a., soit entre environ 12 m et 18 m. Elle peut ĂȘtre Ă queue ou ronde, prĂ©cision rare cependant. Le velours est le tissu le plus souvent citĂ©, sans que sa provenance soit mentionnĂ©e. Il peut ĂȘtre trĂšs coĂ»teux tel ce velours noir Ă fons de satin nouvelle façon » Ă 11 l. 10 s./a. pour une robe Ă lâitalienne doublĂ©e de taffetas 26 vo dont le seul coĂ»t en tissu revient Ă plus de 168 livres, soit 1,4 fois les gages annuels de la lavandiĂšre de la reine. Il est suivi par le taffetas. Damas et toile dâargent restent exceptionnellement mentionnĂ©s. La fourrure aussi hermine une mention, loup-cervier. NĂ©anmoins câest la cotte qui est lâĂ©lĂ©ment du vestiaire le plus frĂ©quemment citĂ© 47 fois. Son mĂ©trage, le plus souvent de satin ou taffetas, est cependant deux fois moins important que pour une robe entre 4 et 6 a. Les comptes parlent aussi de devant de cotte » 1 a. Ÿ Ă 4 a. qui rĂ©fĂšrent sans doute Ă la partie visible de la cotte que lâon entrevoit dans lâouverture de la robe Ă la française, telle celle reprĂ©sentĂ©e sur Catherine de MĂ©dicis dans un portrait en pied vers 1548, du moins si la cotte est bien une robe de dessous, telle que la dĂ©finissent les histoires du costume23. Proches du mĂ©trage des cottes, des jupes de damas, de satin ou de velours trĂšs colorĂ©es aucune nâest noire, parfois fourrĂ©es, apparaissent dans le compte 9 mentions. Elles sont aussi pourvues dâun corps. Une mention associe la jupe Ă des brassiĂšres, piĂšces de satin, velours ou toile dâargent ornementĂ©es, sortes de camisoles qui pouvaient ĂȘtre employĂ©es comme vĂȘtement de dessus des femmes en couche. La reine, qui donna en douze ans, depuis 1544, dix enfants au roi, accoucha, en effet, le 24 juin 1556 de jumelles qui faillirent lui coĂ»ter la vie. 24 . Ibid., p. 456. 25 . Corneille de Lyon, Catherine de MĂ©dicis, v. 1536, Versailles, musĂ©e national des chĂąteaux de Vers ... 17La basquine apparaĂźt moins frĂ©quemment que la cotte 9 mentions. Elle est souvent de taffetas colorĂ© et parfois de toile dâargent. Elle se porte aussi sous la robe mais elle nâest pas quâune jupe au sens dâaujourdâhui, contrairement Ă ce quâĂ©crit François Boucher, puisquâelle dispose dâun corps de vasquine » 27 vo, 24 vo24. On ne la trouve quâune seule fois associĂ©e Ă la vertugade, accessoire Ă armature souple qui donne de lâampleur Ă la jupe de la robe, dans une forme conique de clochette achat au tailleur de 8 s. de bougran, Ă©toffe qui lui donne de la raideur, pour une vasquine de taffetas changeant jaune et bleu et aussi pour avoir raccoustrĂ© la vertugade » 56 vo. Le registre ne comporte aucun achat de cet accessoire qui caractĂ©rise la silhouette fĂ©minine française. La reine en possĂšde pourtant, si lâon en croit quelques dĂ©penses pour rĂ©paration, amĂ©nagement voire broderie de celles-ci. Peut-ĂȘtre sâen dispense-t-elle en raison de sa grossesse cette annĂ©e-lĂ . Une des particularitĂ©s du vestiaire de la reine, par rapport Ă celui du roi, est la dĂ©pense pour manches amovibles 1 a. Ă 1 a. Ÿ de satin, taffetas ou velours, parfois tocque dâor, le plus souvent bouillonnĂ©es voir le portrait de Catherine vers 1536 par Corneille de Lyon et ornementĂ©es de passements ou de bizette dâor, parfois fourrĂ©es de gris, mais il nây a pas dâachat de fourrures pour les revers des grandes manches, dĂ©sormais dĂ©modĂ©es que portait Catherine sur le portrait du palais Pitti, vers 154825. Interchangeables, les manches peuvent ĂȘtre attachĂ©es Ă diffĂ©rentes robes. Autre particularitĂ© des corps » 1 Ă 2 a. Ÿ ou devant de corps » dont le rattachement Ă un autre vĂȘtement robe, cotte, basquine, etc. nâest pas mentionnĂ©. Faits de tissus coĂ»teux ou de chamois, souvent brodĂ©s, parfois dotĂ©s dâun haut collet, ces corps apparaissent dans les comptes sans ĂȘtre rattachĂ©s Ă un vĂȘtement particulier. Cela ne fait pas dâeux pour autant les ancĂȘtres du corset. La mention de corps piquĂ© » nâapparaĂźt quâĂ deux reprises et pour des devant de corps, dont lâun est de satin jaune 30 ro. Lâautre est un devants de corps faict Ă lâespaignolle Ă hault collet tout par arrierepoinctz et emboutty » de laine jaune et piquĂ© 55 ro. Aucune trace en tout cas dâachat de ces buscs que lâon pouvait glisser dans le corps pour lui donner plus rigiditĂ©. Aucune trace non plus de marlotte. 18Enfin le budget consacrĂ© aux manteaux par la reine est trĂšs important 1219 l. t. et la frĂ©quence des mentions est plus abondante que chez le roi 21 contre 5 ; il est possible quâelle les utilisait en vĂȘtement dâintĂ©rieur pour se prĂ©server du froid, comme le fait Henri avec la robe. Lâun dâeux, de satin blanc dĂ©coupĂ©, est un manteau de nuit 56 ro. Le mĂ©trage de 7 Ă 13 a. et les tissus luxueux employĂ©s, sans compter les ornements, les parements voire la doublure de fourrure loup, dos de gris, vair blanc ou hermine font du manteau la piĂšce la plus coĂ»teuse de la garde-robe. Le fourrage dâun manteau de damas noir de plus de neuf cents de dos de gris coĂ»te Ă lui seul plus de 144 livres. La fourniture dâun peu plus de 13 a. de satin blanc de Florence rayĂ© dâor fin, Ă 20 l./a., coĂ»te Ă elle seule 263 livres, achat textile le plus cher de lâannĂ©e ! De telles sommes font percevoir combien la question vestimentaire est, pour le couple royal, placĂ©e sous le signe de la magnificence. Magnificence et cosmopolitisme 19Les comptes des Argenteries tĂ©moignent dâune magnificence que lâon peut mesurer Ă lâaune des dĂ©penses vestimentaires du couple. La magnificence est une qualitĂ© jugĂ©e essentielle chez un souverain puissant. Elle sâexprime Ă travers lâornementation et les couleurs des vĂȘtements dâHenri II et de Catherine dont les garde-robes sâavĂšrent ĂȘtre cosmopolites. Magnificence des apparences royales 26 . Ordonnance du 12 juillet 1549, dans Recueil gĂ©nĂ©ral des anciennes lois françaises, depuis lâan 42 ... 27 . Sâagirait-il du paiement tardif de dĂ©penses pour les noces de Louis Ier de Bourbon 1530-1569, d ... 28 . Voir la note 16. 29 . Par exemple Francisque Pellegrin, La Fleur de la science de pourtraicture et patrons de broderie ... 30 . Si on totalise une dĂ©pense importante de 789 l. pour les chemises du roi et si on trouve pour la ... 20Henri II et Catherine de MĂ©dicis, on lâa vu, apprĂ©cient les textiles luxueux qui attestent de leur capacitĂ© Ă se livrer Ă des dĂ©penses que les lois somptuaires interdisent Ă nombre de leurs sujets, [âŠ] afin quâil demeure aux princes et princesses [âŠ] quelque difference en leurs accoustremens [âŠ] »26. Mais le tissu ne contribue pas Ă lui seul Ă la magnificence de lâapparence, attribut de la dignitĂ© princiĂšre. Souverains dâune cour brillante dans laquelle ils doivent pouvoir ĂȘtre distinguĂ©s, Henri et Catherine apprĂ©cient Ă©normĂ©ment les ornements que lâon y coud. En tĂ©moignent les trĂšs nombreux achats de passementerie prĂ©cieuse passements, cordons, nattes, franges, houppes, bizette dâor parfois faicte en fleur de lys » de soie, dâor ou dâargent pour chamarrer le vĂȘtement ou encore ceux de fil dâor ou dâargent pour broderie et ceux de boutons dâor, parfois Ă©maillĂ©s de noir et blanc 908 livres pour la reine, 2 017 pour le roi ! Ce dernier consacre ainsi une somme rondelette de 523 livres pour acheter du fil et de la cartisane dâor pour les broderies ainsi que des franges dâor, le tout cousu avec abondance de fil de soie, pour le seul ornement dâune sĂ©rie dâaccoutrements quâil se fait faire pour les noces de M. dâAnguien manteau de velours noir, collet de velours blanc, pourpoint de satin blanc et hauts-de-chausses de satin blanc 28 vo27. Les deux portraits en pied dâHenri II, certes peints aprĂšs 1557, lâun vĂȘtu de blanc avec un manteau court brodĂ© dâargent et lâautre vĂȘtu dâun saye et dâune cape rayĂ©s de cordon dâor fig. 2, donnent un aperçu de lâeffet visuel produit par ces ornementations28. Si au xvie siĂšcle fleurissent les recueils imprimĂ©s de motifs de broderie, ceux-ci ne sont pas dĂ©crits par les comptes pour lesquels le poids de mĂ©tal ou fil prĂ©cieux est plus important que la forme brodĂ©e29. Un seul exemple est citĂ© des gerbes dâor » brodĂ©es sur un corps de taffetas blanc de la reine 57 vo. Les comptes gardent aussi la trace de chemises brodĂ©es, essentiellement pour le roi, pour la façon de chemises brodĂ©es de soie cramoisie, noire ou blanche ou encore de fil dâor que rappelle le col Ă lâitalienne du roi dans son portrait en pied vĂȘtu de noir fig. 230. En revanche, pour la reine, on rencontre un achat de quarante-cinq mouchoirs ouvrĂ©s de soie noire ou cramoisie 51 ro ; 77 car tenu Ă la main, le mouchoir se fait aussi parure. Fig. 2 - DâaprĂšs François Clouet, Henri II, roi de France en 1547, 1559, huile sur bois 30 Ă 22 cm. Versailles, musĂ©e national des chĂąteaux de Versailles et de Trianon, MV 3175. Copie dâun original conservĂ© au Louvre. 31 . François Clouet, Françoise de BrĂ©zĂ©, dame de la Marck, duchesse de Bouillon, v. 1543, Chantilly, ... 32 . Anonyme, Henri II, 1555, Le Puy-en-Velay, musĂ©e Crozatier. 33 . Christine Aribaud, Les taillades dans le vĂȘtement de la Renaissance lâart des nobles dĂ©chirur ... 21Les souverains apprĂ©cient aussi beaucoup les effets créés ton sur ton et en relief sur le vĂȘtement. Les vĂȘtements bandĂ©s sont frĂ©quents, obtenus par couture de bandes de tissu de mĂȘme couleur que le vĂȘtement mais dâune autre matiĂšre par exemple, bandes de velours sur satin. Le portrait au crayon de la duchesse de Bouillon par F. Clouet donne un aperçu de cette technique31. Les effets procĂšdent aussi de dĂ©coupages dans le tissu par des crĂ©neaux bordant le vĂȘtement chez le roi et bien sĂ»r par une variĂ©tĂ© dâentailles dans le tissu ou le cuir dont le portrait du musĂ©e Crozatier du Puy fig. 1 donne quelques exemples au collet et aux manches32. DĂ©coupĂ©, mouchetĂ©, tailladĂ©, etc., le vĂȘtement acquiert ainsi plus dâaisance mais tĂ©moigne aussi dâune esthĂ©tique de la dĂ©chirure dont les dispositions peuvent ĂȘtre raffinĂ©es33. Raffinement quâapprĂ©cie aussi la reine pour les manches de ses robes et cottes, telle cette robe de velours noir decouppĂ© tout alentour Ă lozenges ensemble par les manches et le corps » 47 ro. 34 . 460 l., par exemple, par la reine pour une grosse chaĂźne dâor pour le lĂ©gat du pape venu Ă la cou ... 35 . Câest la deduction du sumptueux ordre, plaisants spectacles et magnifiques théùtres dressĂ©s et ex ... 22Lâexpression de la magnificence royale passe bien sĂ»r par le port de parures de bijoux et pierres prĂ©cieuses. Celles-ci figurent dans les dĂ©penses dâorfĂšvrerie â prĂšs de huit fois plus importantes chez la reine que chez le roi 3215 l. â certes consacrĂ©es Ă lâorfĂšvrerie de maison mais surtout aux rĂ©parations et achats de bijoux chaĂźnes, patenĂŽtres et de quelques pierreries. Roi et reine consacrent en la matiĂšre un budget trĂšs important pour des dons Ă des gentilshommes de la cour ou Ă des personnages importants de passage34. Mais contrairement Ă la reine, le roi dĂ©pense peu pour lui-mĂȘme essentiellement des crochets dâor ou dâargent en façon de boutonniĂšres [âŠ] et Ă©maillez de blanc et noir » 35 vo. Pourtant ses dĂ©penses tĂ©moignent de façon de bonnets de velours noir garnis de boutons de rubis, de chaĂźnes dâor, de perles et de boutons de cristal, quâagrĂ©mentent les nombreuses garnitures de plumes garnies de franges dâor/argent achetĂ©es au plumassier auquel il consacre une somme importante 253 l.. La reine fait faire ceintures, patenĂŽtres, chaĂźnes Ă coudre », Ă faire des boutonniĂšres » ou Ă mectre au col ». Lâune dâelles ressemble Ă celle peinte sur son portrait conservĂ© Ă Versailles v. 1556 fig. 3 fecte de 33 pilliers tous rondz, semĂ© de [dessin de deux C] entrelassez, percez a jour, taillez et esmaillez de blanc et de noir et garny de fondz dâargent bruny par dedans » 146 l., 32 ro. Les chiffres monogrammĂ©s sont alors trĂšs apprĂ©ciĂ©s en joaillerie comme en broderie, comme en tĂ©moigne le portrait dâHenri II conservĂ© au Puy fig. 1. Catherine fait aussi agrĂ©menter les cornettes pendantes de ses caractĂ©ristiques chaperons Ă la française fig. 3 de tresseure de fil dâor » 51 ro et allonger un touret dâor garni de diamants, rubis et perles 286 l., 33 vo. Mais nulle trace, dans le compte de 1556, de ces guimpes et rĂ©silles de perles qui parent ses dĂ©colletĂ©s dans les portraits des annĂ©es 1550 fig. 3. AgrĂ©mentĂ©s de ces parures que reprennent Ă lâenvie les portraits officiels, afin de signifier la magnificence et la majestĂ©, les souverains brillent dâun feu quâencensent les chroniqueurs de lâentrĂ©e rouennaise de 1550, comparant la vĂȘture de la reine Ă un ciel Ă©tincelant dâĂ©toiles quand celle du roi cause une copieuse rĂ©verbĂ©ration Ă son auguste face »35. Nous ne sommes pas loin du Roi-Soleil⊠Fig. 3 - DâaprĂšs François Clouet, Catherine de MĂ©dicis, reine de France, vers 1556, huile sur bois 31 Ă 22 cm. Versailles, musĂ©e national des chĂąteaux de Versailles et de Trianon, MV 3179. Magnificence chromatique 36 . Voir par exemple Denis Crouzet, Le haut cĆur de Catherine de MĂ©dicis une raison politique aux t ... 37 . Monique Chatenet, La cour de France au xvie siĂšcle vie sociale et architecture, Paris, C. Picar ... 38 . BrantĂŽme, Recueil des Dames, poĂ©sies et tombeaux, Ă©d. par Ă. Vaucheret, Paris, Gallimard, 1991, I ... 39 . Elle sâhabilloit tousjours fort bien et superbement, et avoit tousjours quelque gentille et nou ... 23Ă la lecture des comptes sâĂ©loigne la reprĂ©sentation austĂšre des deux souverains donnĂ©e par lâimagerie historique. En 1556, Catherine de MĂ©dicis nâa rien de la sombre reine toujours vĂȘtue de noir, devenue un de nos repĂšres visuels de la France du xvie siĂšcle. La reine cultiva en effet cette image aprĂšs son veuvage et cette apparence contribua Ă alimenter lâimage noire de la gouvernante quâelle fut pendant les guerres de religion, image actuellement reconsidĂ©rĂ©e par lâhistoriographie36. En 1556 Catherine a tout dâune reine, magnifique en ses apparences, Ă la rĂ©putation dĂ©pensiĂšre. Lâambassadeur vĂ©nitien Soranzo rapporte en 1550 quâelle sâhabille magnifiquement, de sorte que le vĂȘtement quâelle porte un jour ne se voit plus pendant de nombreux mois »37. Vingt ans plus tard, une rĂ©flexion faite Ă sa fille Marguerite, qui dĂ©sespĂšre de quitter la cour de France et la mode qui courre » pour rejoindre son mari en Navarre 1578, tĂ©moigne de la conception que Catherine a du rĂŽle dâune souveraine en matiĂšre dâinnovation. Câest Ă vous, lui dit-elle, dâinventer et produire les belles façons de sâhabiller » et oĂč que vous alliez, la court les prendra de vous et non vous de la court »38. BrantĂŽme, qui fit ses dĂ©buts Ă la cour en 1556, insiste sur les habits superbes et sur lâinventivitĂ© de Catherine Ă cette pĂ©riode39. Mais quelle façon suit le couple royal en 1556-1557 alors que celle dâEspagne rayonne en Europe et sâimpose dans le vestiaire des Ă©lites europĂ©ennes ? 40 . Sophie Jolivet, La construction dâune image Philippe le Bon et le noir », dans le prĂ©sent vol ... 41 . Michel Pastoureau, Noir histoire dâune couleur, Paris, Ăditions du Seuil, 2008. 42 . BrantĂŽme, Ćuvres complĂštes du seigneur de BrantĂŽmeâŠ, Paris, Foucault, 1822-1823, 7 vol., t. II 1 ... 24Le noir est certainement la couleur la plus frĂ©quente des deux vestiaires royaux, suivie du blanc tableaux 3 et 4. La prĂ©sence importante du noir dans les garde-robes royales nâest pas neuve. Lâusage en Ă©tait dĂ©jĂ bien Ă©tabli dans celle de François Ier et le siĂšcle antĂ©rieur fut dĂ©jĂ un grand siĂšcle du noir », de grands princes tels que le duc de Bourgogne ayant construit leur image autour de cette couleur40. La cour dâEspagne hĂ©rite de cet attachement et le noir en devient le signe identitaire au xvie siĂšcle sans quâil lui soit pourtant rĂ©servĂ©. Le noir princier nâa rien du noir austĂšre des religieux, des magistrats ou de la vertu chrĂ©tienne que veut y voir la RĂ©forme protestante41. Câest un noir riche et dense sur des velours, satin, damas et taffetas coĂ»teux. Les multiples ornements vus prĂ©cĂ©demment tirent profit de lâeffet visuel provoquĂ© par les jeux de contrastes quâils opĂšrent. Il en est de mĂȘme du blanc qui suit de prĂšs pour certains vĂȘtements le pĂŽle chromatique si important du noir dans les couleurs favorites du couple. Il nâest donc guĂšre surprenant que les portraits royaux survivants des annĂ©es 1550 soient en noir ou en blanc fig. 1 et 3. Le roi, en tout cas, fit du blanc et du noir ses couleurs emblĂ©matiques par esprit de chevalerie car elles Ă©taient celles de sa maĂźtresse, Diane de Poitiers, veuve du grand sĂ©nĂ©chal Louis de BrĂ©zĂ©42. Tableau 3 Couleurs des vĂȘtements de la reine 1556 par frĂ©quence de mention Robes Cottes Jupes Manches Corps Manteaux Chausses Non mentionnĂ©e 1 1 1 3 7 Argent ou or 3 2 1 2 Blanc 3 12 2 9 1 3 19 Bleu 1 Rouges 4 10 4 2 1 4 Violet 1 Jaunes 1 6 2 1 1 OrangĂ© 1 Vert 1 Gris 2 3 2 1 5 1 Noir 20 13 0 5 3 11 2 Total 35 47 9 19 12 21 36 Tableau 4 Couleurs des vĂȘtements du roi 1557 par frĂ©quence de mention Pourpoints Hauts-de-chausses Bas-de-chausses Sayes Collets Robes Non mentionnĂ©e 6 4 Blanc 10 5 5 9 Blanc rayĂ© 5 Rouges 4 1 1 Violet 2 1 1 Jaunes 5 1 1 1 OrangĂ© 1 1 1 Noir 7 3 3 8 8 19 Total 40 12 12 8 22 19 43 . Lâordonnance somptuaire dâHenri II, en 1549, insiste sur cette distinction, nâaccordant aux genti ... 44 . BrantĂŽme, Ćuvres complĂštesâŠ, op. cit., p. 366. Dans le compte de 1556, mention de la façon dâune ... 45 . Alonso SĂĄnchez Coello, Isabelle de Valois, v. 1560, Vienne, Kunsthistorisches Museum. 25Le noir nâa pourtant pas chromoclastĂ© les garde-robes des souverains dont la palette est loin dâĂȘtre monochrome blanc, gris, rouges, violet, jaune, orangĂ© voire vert et bleu se retrouvent dans les archives. Certes chez Henri II, les robes et sayes rencontrĂ©es en 1557 sont toutes noirs mais les mentions de pourpoints et hauts-de-chausses blancs, puis rouges, violets, couleurs royales, ou encore jaunes et orangĂ©s, souvent coordonnĂ©s Ă des bas de mĂȘme couleur, sont bien plus nombreuses. Ces textiles colorĂ©s de qualitĂ© peuvent dĂ©passer en valeur les plus beaux noirs 16 l./a. par exemple pour un velours cramoisi rouge de Florence haute couleur, couleur rĂ©servĂ©e aux princes dans leurs vĂȘtements de dessus43. Le roi fait faire un splendide pourpoint de velours orangĂ©, doublĂ© de taffetas jaune orangĂ©, chamarrĂ© en long et en bies trois Ă trois dâune bizette dâargent en forme de deux chesnettes », dĂ©coupĂ©, avec des crĂ©neaux au collet et aux bas des manches, assorti Ă un haut-de-chausses de velours de mĂȘme couleur, bouillonnĂ© de satin jaune paille associĂ© Ă des bas de serge jaune 57 vo, 58 vo, 63 vo, 64 vo. Il apprĂ©cie aussi les pourpoints de toile blanche rayĂ©e de soie rouge, noire ou blanche. Les couleurs supplantent dâailleurs le noir chez le roi pour ses pourpoints et hauts-de-chausses, et le blanc occupe une place de choix. Catherine privilĂ©gie le noir pour ses robes la moitiĂ© des mentions mais moins pour ses cottes le quart des mentions pour lesquelles le blanc arrive Ă part Ă©gale avec le noir. En revanche le vert, que BrantĂŽme dit ĂȘtre sa couleur fĂ©tiche jusquâĂ son veuvage, nâest relevĂ© quâune seule fois44. Mais or et argent, rouge cramoisi, incarnat et jaune, taffetas changeant jaune et bleu, jaune et rouge, jaune et blanc rehaussent ses apparences ; cottes, basquines et jupes Ă©tant proportionnellement beaucoup plus colorĂ©es que les robes, probablement afin de jouer sur le contraste avec celles-ci. Il y a fort Ă penser que ces vĂȘtements colorĂ©s Ă©taient des vĂȘtements dâapparat, tels ceux reprĂ©sentĂ©s par SĂĄnchez Coello sur la fille aĂźnĂ©e du couple royal, Isabelle, mariĂ©e quelques annĂ©es plus tard Ă Philippe II mais vĂȘtue Ă la française sur ce portrait45. Magnificence Ă la française ? 46 . Un autre exemple, en fo 28 vo, pour un changement de façon en une robe Ă lâitalienne mais sans pr ... 26Mais peut-on attribuer un caractĂšre national Ă la maniĂšre de se vĂȘtir des souverains français ? Câest une question dĂ©licate car les comptes sont rarement prĂ©cis sur le style dâun vĂȘtement. Je pense nĂ©anmoins que lorsque silence de la source il y a, câest parce quâil va de soi que la piĂšce mentionnĂ©e nâa pas de forme particuliĂšre. LâArgenterie ne serait alors plus prĂ©cise que lorsque le vĂȘtement a une forme ou un type dâornement qualifiĂ© dâĂ©tranger, telles certaines chamarrures sur les cols notamment ou dĂ©coupures associĂ©es Ă lâexpression Ă lâespaignolle ». Mais quantitativement ces prĂ©cisions restent rares. Le qualificatif Ă la française », par exemple, nâapparaĂźt quâune seule fois dans les deux comptes, et seulement pour la reine Ă lâoccasion du changement de façon dâune robbe de velours qui estoit Ă la françoise et qui a este mise Ă lâitalienne » 26 vo, ce qui demande six aunes supplĂ©mentaires au tailleur46. Le rĂ©emploi pour adapter un vĂȘtement Ă une façon nouvelle, pour lâallonger ou lâĂ©largir la reine est enceinte en 1556, ou pour prĂ©lever un Ă©lĂ©ment rĂ©utilisĂ© dans un autre vĂȘtement, tĂ©moigne dâune Ă©conomie du luxe oĂč lâon mĂ©nage les matĂ©riaux prĂ©cieux. Câest particuliĂšrement le cas pour les fourrures des manteaux et robes du roi. Pour fourrer lâune dâelles, on emploie une vieille panne de martre zibeline Ă laquelle on ajoute trois manteaux de martres neuves Ă 30 livres le manteau 59 ro/vo. 47 . Voir le dessin de François Clouet, Catherine de MĂ©dicis, 1555, Londres, collection de M. G. Sltin ... 27Il est certain quâen ces annĂ©es 1550 Henri et Catherine possĂšdent des vĂȘtements Ă lâespagnole mais la nature des comptes les rend impossibles Ă quantifier. On refait pour la reine une cotte de velours dans laquelle on a pris un corps faict Ă lâespaignol » 40 ro. On achĂšte des passements pour une robe de drap gris fecte Ă lâespaignolle » Ă haut collet 40 ro, 54 vo. Le haut collet, montant sur la gorge, est une des caractĂ©ristiques rattachĂ©es Ă cette mode par les comptes47, de mĂȘme que les aiguillettes façon dâespaigne » pour mettre aux bourrelets des manches de la reine 31 ro, aiguillettes abondamment employĂ©es dans le vĂȘtement espagnol. La reine fait ainsi rĂ©parer 94 fers dâaiguillettes pour garnir une robe Ă lâespaignolle » 33 ro ! Pour le roi, la mention Ă lâespagnole » nâapparaĂźt jamais pour les pourpoints et hauts-de-chausses que lâon retrouve alors prĂ©sents dans lâensemble du vestiaire masculin europĂ©en. Ce nâest pas Ă ces Ă©lĂ©ments que son compte attribue un label » national. En revanche, il prĂ©cise que le roi fait faire une robe de damas Ă lâespagnole 27 vo, achĂšte plusieurs feutres Ă lâespagnole avec leur cordon dâor ou dâargent, fait chamarrer Ă lâespagnole le grand collet dâun caban de feutre blanc 40 ro et faire une paire de chausses dĂ©coupĂ©es Ă lâespagnole 38 ro. 48 . Les autres mentions ne sont que des mentions de divers achats et façons sur des robes dont le com ... 49 . Isabelle Paresys, The Dressed Body The Moulding of Identities in 16th Century France », Cultu ... 50 . Fanny Cosandey, La reine de France symbole et pouvoir, xve-xviiie siĂšcle, Paris, Gallimard, 200 ... 51 . Correspondance de da Gambara Ă la duchesse de Mantoue citĂ©e par M. Chatenet, La courâŠ, op. ... 52 . Sur les morales vestimentaires, voir Isabelle Paresys, ParaĂźtre et se vĂȘtir au xvie siĂšcle mo ... 28NĂ©anmoins, comme en matiĂšre de couleur, les comptes mettent Ă mal toute idĂ©e dâun mode de se vĂȘtir unique, soit espagnol, soit français Ă la cour des Valois. Les achats de grands mĂ©trages de tissus pour la reine ne sont en effet destinĂ©s quâĂ des robes Ă lâitalienne, de damas gris ou de velours noir48. Chez le roi, les qualificatifs Ă©trangers sont surtout prĂ©sents pour les robes et manteaux un manteau de velours noir Ă lâallemande 46 ro et un manteau dâĂ©carlate rouge Ă lâanglaise pour porter au camp » 39 ro, 41 vo, six robes Ă lâallemande, une Ă lâanglaise et une Ă lâespagnole. Et, comme pour la reine, les mentions dâinfluences Ă©trangĂšres ne privilĂ©gient pas la façon espagnole. Lâapparence des souverains est donc cosmopolite et joue avec les identitĂ©s comme câest le cas dâailleurs durant tout le siĂšcle en France ou en Angleterre49. Il est possible cependant, que lors de certaines cĂ©rĂ©monies, les souverains aient jouĂ© du caractĂšre national associĂ© au vĂȘtement, particuliĂšrement pour la reine, car câest pour le sien robe, coiffes, manches que celui-ci est le plus frĂ©quemment mentionnĂ©. La reine de France, sacrĂ©e et couronnĂ©e, est en effet associĂ©e Ă son Ă©poux dans la reprĂ©sentation monarchique50. NĂ©anmoins, on ne lui tient pas rigueur de maniĂšres de se vĂȘtir Ă©trangĂšres, modes que la reine peut affectionner particuliĂšrement du fait de son origine. DeuxiĂšme Ă©pouse de François Ier, ĂlĂ©onore dâAutriche sâhabillait Ă la portugaise presque tous les jours comme le font ses demoiselles qui sont au nombre de huit, vĂȘtues de satin gris » Ă©crivait un Mantouan, alors que son compte de lâArgenterie tĂ©moigne de pratiques plus cosmopolites51. Le caractĂšre français sera davantage exigĂ© des reines aux xviie et xviiie siĂšcles. On leur imposera de quitter la vĂȘture de la cour paternelle pour adopter celle de leur nouveau royaume. Il nâest pas impossible que le discours moraliste grandissant, dans la deuxiĂšme partie du xvie siĂšcle, contre lâinconstance vestimentaire et lâinfluence des modes Ă©trangĂšres qui pervertissent lâidentitĂ© nationale, ait particuliĂšrement portĂ© ses fruits en ce qui concerne le corps vĂȘtu de la reine, Ă©pousĂ©e de plus en plus choisie chez une puissance ennemie Espagne, Autriche et mĂšre du futur roi de France52. 29MalgrĂ© la vision trĂšs Ă©clatĂ©e quâils donnent des garde-robes royales, les comptes de lâArgenterie de 1556 et 1557 tĂ©moignent de lâimportance des dĂ©penses engagĂ©es par Catherine de MĂ©dicis et Henri II. Celles de la reine sont renchĂ©ries par lâimportance des dĂ©penses dâorfĂšvrerie pour ses parures ou cadeaux. De nombreux fournisseurs participent Ă la fabrication de leurs apparences mais les souverains nâemploient pas les mĂȘmes afin de faire bĂ©nĂ©ficier ainsi plus de personnes du privilĂšge dâapprovisionner leur garde-robe. Celle-ci est riche en piĂšces vestimentaires dont les comptes gardent la trace via lâachat des textiles, lâacquisition de divers ornements ou le paiement de leur façon ou retouche. Si le roi fait faire nombre de pourpoints et hauts-de-chausses Ă la mode, il apprĂ©cie le confort de longues robes fourrĂ©es. Les piĂšces sont encore plus variĂ©es chez la reine qui commande en abondance robes et cottes, mais les traces de basquines et vertugades restent fort modĂ©rĂ©es, sans doute en raison de ses grossesses. 53 . Voir aussi BrantĂŽme, Recueil des DamesâŠ, op. cit., I, II, p. 36. 54 . Isabelle Paresys, Images de lâAutre vĂȘtu Ă la Renaissance le recueil dâhabits de François Des ... 30Les comptes de lâArgenterie tĂ©moignent aussi de la magnificence des souverains qui revĂȘtent des textiles coĂ»teux enrichis par diverses techniques dâornementation en broderie, passementerie et orfĂšvrerie et par une gamme chromatique qui est loin de les enfermer dans le noir, celui-ci dĂ»t-il ĂȘtre luxueux. Roi et reine de France, Henri et Catherine nâen apprĂ©cient pas moins les façons Ă©trangĂšres pour certains de leurs vĂȘtements, ce qui leur donne une apparence cosmopolite. Ce cosmopolitisme est aussi apprĂ©ciĂ© Ă la cour des Valois lors de mascarades et de spectacles de tragĂ©die, dont les comptes gardent la trace habits de Suisses pour la mascarade du roi, habits de Turcs et de Mores pour la tragĂ©die Sofonisba donnĂ©e par la reine Ă Blois en 1556 et Ă laquelle participent ses filles aĂźnĂ©es53. De la curiositĂ© pour ces habits estranges », le recueil dâhabits de François Desprez rendra compte en 1562, inaugurant un genre Ă succĂšs dans lâEurope de la Renaissance54. Lâachat de ces travestissements pour les souverains et leurs courtisans ainsi que les dons de vĂȘtements ou tissus aux gens de leurs Maisons pour les noces, deuils ou services rendus, alimentent lâidĂ©e de la munificence et de la largesse royale qui, comme la magnificence, est une des qualitĂ©s jugĂ©es essentielles chez un souverain puissant. Mais ceci est un autre sujet. Haut de page Notes 1 . Pour le Moyen Ăge français, parmi les travaux les plus rĂ©cents, voir Sophie Jolivet, Pour soi vĂȘtir honnĂȘtement Ă la cour de Monseigneur le duc de Bourgogne costume et dispositif vestimentaire Ă la cour de Philippe le Bon de 1430 Ă 1455, thĂšse de doctorat de lâuniversitĂ© de Bourgogne, 2003, consultable en ligne consultĂ© le 21 fĂ©vrier 2011. La bonne conservation des archives anglaises a permis les travaux de Maria Hayward, Dress at the Court of King Henry VIII, Leeds, Maney, 2007 et de Janet Arnold, Queen Elizabethâs Wardrobe UnlockâdâŠ, Ă©d. par J. Arnold, Leeds, Maney, 1988. Pour lâItalie, voir par exemple Roberta Orsi Landini et Bruna Nicoli, Moda a Firenze 1540-1580 lo stile di Eleonora di Toledo e la sua influenza, Firenze, Pagliai Polistampa, 2005. Pour lâEspagne, voir entre autres Carmen Bernis, Trajes y modas en la España de los Reyes CatĂłlicos, Madrid, Instituto D. VelĂĄzquez del Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, 1978-1979. 2 . Jacqueline Boucher, SociĂ©tĂ© et mentalitĂ©s autour de Henri III, Lille, Atelier reproduction des thĂšses, universitĂ© de Lille 3, 1981, 4 vol. et Deux Ă©pouses et reines Ă la fin du xvie siĂšcle Louise de Lorraine et Marguerite de France, Saint-Ătienne, Publications de lâuniversitĂ© de Saint-Ătienne, 1995. 3 . Archives nationales, Paris, KK 118 1556 et KK 106 1557. Lâarticle nâindiquera plus, dans son texte, que les folios des citations concernĂ©es. 4 . On ne conserve pas en France dâinventaire de garde-robe fait du vivant dâun souverain de la Renaissance ni mĂȘme Ă leur dĂ©cĂšs Ă lâexception de ceux partiels de deux reines veuves Catherine de MĂ©dicis, Louise de Lorraine. 5 . Ătat de la maison de Catherine de MĂ©dicis, 1547-1585 BNF, ms. fr. nouv. acq. 9175, f. 379-394, Ă©d. par C. zum Kolk, Cour de France. fr, 19 octobre 2007, consultĂ© le 16 fĂ©vrier 2011. Voir aussi Caroline zum Kolk, The Household of the Queen of France in the Sixteenth Century », The Court Historian, vol. 14, no 1, juillet 2009, p. 3-22 ; ici, p. 19. 6 . Ordonnance du roi pour le rĂšglement de la cour et du conseil, Lyon, 10 septembre 1574, BNF, ms. fr. 21 451, fo 48 ro. 7 . C. zum Kolk, art. cit., p. 18. 8 . M. Hayward, op. cit., chap. III. 9 . Corinne ThĂ©pault-Cabasset, Le service de la Garde-Robe une crĂ©ation de Louis XIV », dans Fastes de cour et cĂ©rĂ©monies royales le costume de cour en Europe, 1650-1800, dir. P. Arizzoli-ClĂ©mentel et P. Gorguet-Ballesteros, Versailles/Paris, ChĂąteau de Versailles/RMN, 2009, p. 28-33. 10 . Philippe Hamon, Lâargent du roi les finances sous François Ier, Paris, ComitĂ© pour lâhistoire Ă©conomique et financiĂšre de la France, 1994, p. 7. 11 . Natalie Zemon Davis, Essai sur le don dans la France du xvie siĂšcle, trad. D. Trierweiler, Paris, Seuil, 2003. 12 . Gages relevĂ©s par C. zum Kolk, art. cit., et par Micheline Baulant, Prix et salaires Ă Paris au xvie siĂšcle sources et rĂ©sultats », Annales HSS, 1976, vol. 31, no 5, p. 983. Gages annuels dâun charretier pour lâHĂŽtel-Dieu de Paris entre 1561-1565. 13 . Clare Haru Crowston, Fabricating Women The Seamstresses of Old Regime France, 1675â1791, Durham, Duke University Press, 2001. 14 . Voir les DĂ©penses secrĂštes de François Ier », dans Les comptes des BĂątiments du roi 1528-1571, suivis de documents inĂ©dits sur les chĂąteaux royaux et les beaux-arts au xvie siĂšcle, Ă©d. par L. de Laborde, Paris, J. Baur, 1877-1880, 2 vol. [fac. sim Nogent-le-Roi, Librairie des arts et mĂ©tiers Ă©ditions, 1999], t. II, p. 199-274. 15 . Par exemple le portrait de Catherine v. 1556 avec robe noire, guimpe de pierreries, dâaprĂšs François Clouet, conservĂ© au chĂąteau de Versailles fig. 3 et celui en miniature de la reine v. 1555 par F. Clouet conservĂ© Ă Londres, au Victoria & Albert Museum. 16 . Pour les portraits dâHenri II en habit noir, celui de lâatelier de F. Clouet xvie siĂšcle conservĂ© au Louvre, copie de celui du palais Pitti de Florence. Pour les portraits en blanc, celui par un anonyme milieu xvie siĂšcle conservĂ© au musĂ©e CondĂ© de Chantilly et celui conservĂ© au musĂ©e Crozatier du Puy 1555 fig. 1 ou encore le portrait en pied peint sur vĂ©lin v. 1550 conservĂ© au musĂ©e CondĂ©. 17 . R. Orsi Landini et B. Nicoli, Moda a FirenzeâŠ, op. cit., p. 200. 18 . Lâaune de Paris fait 1,188 m. 19 . Le collet est un mot polysĂ©mique qui peut dĂ©signer un col ou bien ce type de vĂȘtement. 20 . Saye nom masculin, pourpoint Ă basques au xvie siĂšcle, dit aussi sayon selon François Boucher, Histoire du costume en Occident des origines Ă nos jours, Paris, Flammarion, 1996, p. 473. Mais cette appellation-lĂ nâapparaĂźt pas dans les comptes. 21 . Voir la note 15. a. » pour aune ». 22 . Voir lâusage quâen font les Ă©lites dâalors dans Isabelle Paresys, Le noir est mis. Les puys dâAmiens, ou le paraĂźtre vestimentaire des Ă©lites urbaines Ă la Renaissance », Revue dâhistoire moderne & contemporaine, no 56-3, juillet-septembre 2009, p. 66-91. 23 . Ăcole française, Catherine de MĂ©dicis, v. 1548, Florence, palais Pitti, et F. Boucher, Histoire du costumeâŠ, op. cit., p. 462. 24 . Ibid., p. 456. 25 . Corneille de Lyon, Catherine de MĂ©dicis, v. 1536, Versailles, musĂ©e national des chĂąteaux de Versailles et de Trianon et note 29. 26 . Ordonnance du 12 juillet 1549, dans Recueil gĂ©nĂ©ral des anciennes lois françaises, depuis lâan 420, jusquâĂ la RĂ©volution de 1789, Ă©d. par Isambert, Decrusy et Armet, Paris, Belin-Leprieur/VerdiĂšre, 1821-1833, 29 vol., t. XIII 1828, p. 102. 27 . Sâagirait-il du paiement tardif de dĂ©penses pour les noces de Louis Ier de Bourbon 1530-1569, duc dâEnghien, avec ĂlĂ©onore de Roye en 1551 ? 28 . Voir la note 16. 29 . Par exemple Francisque Pellegrin, La Fleur de la science de pourtraicture et patrons de broderie façon arabicque et italique, Paris, J. Nyverd, 1530. 30 . Si on totalise une dĂ©pense importante de 789 l. pour les chemises du roi et si on trouve pour la reine des achats de toile fine de Hollande pour faire son menu linge », on ne relĂšve pour elle que deux mentions dâachat de bizette et de cordon dâor pour garnir une chemise 9 ro. Le roi fait faire cinq douzaines de chemises de fine toile. 31 . François Clouet, Françoise de BrĂ©zĂ©, dame de la Marck, duchesse de Bouillon, v. 1543, Chantilly, musĂ©e CondĂ©. 32 . Anonyme, Henri II, 1555, Le Puy-en-Velay, musĂ©e Crozatier. 33 . Christine Aribaud, Les taillades dans le vĂȘtement de la Renaissance lâart des nobles dĂ©chirures », dans ParaĂźtre et se vĂȘtir au xvie siĂšcle actes du colloque du Puy-en-Velay, Ă©d. par M. Viallon, Saint-Ătienne, PUSE, 2006, p. 145-158. 34 . 460 l., par exemple, par la reine pour une grosse chaĂźne dâor pour le lĂ©gat du pape venu Ă la cour nĂ©gocier une intervention française en Italie 12 ro. 35 . Câest la deduction du sumptueux ordre, plaisants spectacles et magnifiques théùtres dressĂ©s et exhibĂ©s par les citoiens de Rouen⊠à la sacrĂ©e maistĂ© du tres christian Roy de France Henry second, Rouen, E. Cagniard, 1885, non paginĂ©. 36 . Voir par exemple Denis Crouzet, Le haut cĆur de Catherine de MĂ©dicis une raison politique aux temps de la Saint-BarthĂ©lemy, Paris, Albin Michel, 2005. 37 . Monique Chatenet, La cour de France au xvie siĂšcle vie sociale et architecture, Paris, C. Picard, 2002, p. 191. 38 . BrantĂŽme, Recueil des Dames, poĂ©sies et tombeaux, Ă©d. par Ă. Vaucheret, Paris, Gallimard, 1991, I, V, p. 323-327. 39 . Elle sâhabilloit tousjours fort bien et superbement, et avoit tousjours quelque gentille et nouvelle invention », ibid., I, II, p. 34. 40 . Sophie Jolivet, La construction dâune image Philippe le Bon et le noir », dans le prĂ©sent volume. 41 . Michel Pastoureau, Noir histoire dâune couleur, Paris, Ăditions du Seuil, 2008. 42 . BrantĂŽme, Ćuvres complĂštes du seigneur de BrantĂŽmeâŠ, Paris, Foucault, 1822-1823, 7 vol., t. II 1822, p. 336. 43 . Lâordonnance somptuaire dâHenri II, en 1549, insiste sur cette distinction, nâaccordant aux gentilshommes le port de ces coloris quâaux pourpoints et hauts-de-chausses, et Ă leurs femmes quâaux manches et cottes et non Ă leurs robes. 44 . BrantĂŽme, Ćuvres complĂštesâŠ, op. cit., p. 366. Dans le compte de 1556, mention de la façon dâune robe de velours vert chamarrĂ©e de passements jaunes et verts 55 ro. 45 . Alonso SĂĄnchez Coello, Isabelle de Valois, v. 1560, Vienne, Kunsthistorisches Museum. 46 . Un autre exemple, en fo 28 vo, pour un changement de façon en une robe Ă lâitalienne mais sans prĂ©cision de la façon de la robe modifiĂ©e. 47 . Voir le dessin de François Clouet, Catherine de MĂ©dicis, 1555, Londres, collection de M. G. Slting. 48 . Les autres mentions ne sont que des mentions de divers achats et façons sur des robes dont le compte nâindique pas lâachat des tissus de dessus dans lâannĂ©e. Sur lâensemble des mentions de robes du compte, dix concernent les italiennes. 49 . Isabelle Paresys, The Dressed Body The Moulding of Identities in 16th Century France », Cultural Exchange in Early Modern Europe, Ă©d. par R. Muchembled, vol. 4, Forging European Identities, 1400â1700, Ă©d. par H. Roodenburg, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, chap. VI, p. 227-257 ; J. Arnold, Queen ElizabethâsâŠ, op. cit., chap. VI. 50 . Fanny Cosandey, La reine de France symbole et pouvoir, xve-xviiie siĂšcle, Paris, Gallimard, 2000. 51 . Correspondance de da Gambara Ă la duchesse de Mantoue citĂ©e par M. Chatenet, La courâŠ, op. cit., p. 191. 52 . Sur les morales vestimentaires, voir Isabelle Paresys, ParaĂźtre et se vĂȘtir au xvie siĂšcle morales vestimentaires », dans ParaĂźtre et se vĂȘtirâŠ, op. cit., p. 15-16. 53 . Voir aussi BrantĂŽme, Recueil des DamesâŠ, op. cit., I, II, p. 36. 54 . Isabelle Paresys, Images de lâAutre vĂȘtu Ă la Renaissance le recueil dâhabits de François Desprez 1562-1567 », Journal de la Renaissance, vol. 4, mai 2006, p. de page Table des illustrations Titre Fig. 1 - Ăcole française, Henri II, 1555, huile sur bois 109 Ă 77 cm. Le Puy-en-Velay, musĂ©e Crozatier, inv. Inscriptions HENRICVS II FRAC / REX XRIANISSIMVS / ANNO ĂTATIS SVĂ / XXXVII â 1555 URL Fichier image/jpeg, 92k Titre Fig. 2 - DâaprĂšs François Clouet, Henri II, roi de France en 1547, 1559, huile sur bois 30 Ă 22 cm. Versailles, musĂ©e national des chĂąteaux de Versailles et de Trianon, MV 3175. Copie dâun original conservĂ© au Louvre. URL Fichier image/jpeg, 180k Titre Fig. 3 - DâaprĂšs François Clouet, Catherine de MĂ©dicis, reine de France, vers 1556, huile sur bois 31 Ă 22 cm. Versailles, musĂ©e national des chĂąteaux de Versailles et de Trianon, MV 3179. URL Fichier image/jpeg, 120k Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Isabelle Paresys, VĂȘtir les souverains français Ă la Renaissance les garde-robes dâHenri II et de Catherine de MĂ©dicis en 1556 et 1557 », Apparences [En ligne], 6 2015, mis en ligne le 25 aoĂ»t 2015, consultĂ© le 17 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
Elles sont caissiĂšres, mĂ©nagĂšres, serveuses, enseignantes ou bibliothĂ©caires. Elles sont aussi prostituĂ©es ou danseuses nues. Mais rarement les femmes Ă l'Ă©cran dans les films quĂ©bĂ©cois rĂ©alisĂ©s par des hommes sont voyageuses, aventuriĂšres, pionniĂšres, visionnaires ou hĂ©roĂŻnes. Aux acteurs, les grands rĂŽles; aux actrices, les personnages secondaires. Mis Ă jour le 19 mars 2013 C'est du moins ce que conclut une Ă©tude inspirĂ©e des recherches du Gender Davis Institute aux Ătats-Unis et rĂ©alisĂ©e pour le compte des RĂ©alisatrices Ă©quitables, un organisme qui milite pour une prĂ©sence accrue et plus Ă©quitable du travail des rĂ©alisatrices Ă l'Ă©cran. Ă la source de cette Ă©tude, une question posĂ©e par la rĂ©alisatrice Marquise Lepage est-ce que le manque de femmes derriĂšre la camĂ©ra a un impact sur la reprĂ©sentation des femmes devant? Autrement dit, le sexe des cinĂ©astes fait-il une diffĂ©rence? La rĂ©ponse, c'est oui, Ă©videmment. Pour le prouver, une petite Ă©quipe de chercheuses, sous la direction d'Anna Lupien, se sont livrĂ©es Ă une Ă©tude comparative en Ă©pluchant 35 films quĂ©bĂ©cois de 2011 comme Funkytown, Frisson des collines, Le sensde l'humour, Starbuck, Monsieur Lazhar, CafĂ© de Flore, La fille de Montreal et Nuit 1. Et comme sur les 35 films, 28 avaient Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par des hommes et seulement 7 par des femmes, les chercheuses ont compensĂ© le dĂ©sĂ©quilibre en y ajoutant cinq films rĂ©alisĂ©s par des femmes en 2010. Au total, 899 personnages parlants ont Ă©tĂ© examinĂ©s, dont 290 dans le dĂ©tail. Le rĂ©sultat n'est pas vraiment Ă©tonnant les hommes rĂ©alisent des films qui racontent des histoires de gars mettant en vedette des hĂ©ros masculins. Les femmes en font autant pour leur propre sexe, mais comme elles rĂ©alisent moins de films et avec seulement 15% des budgets de la SODEC et de TĂ©lĂ©film, leurs histoires et leurs hĂ©roĂŻnes occupent moins de temps-Ă©cran, ont moins de poids et n'arrivent pas Ă devenir une rĂ©fĂ©rence sociale ou culturelle signifiante. Parmi les Ă©lĂ©ments les plus notables de cette Ă©tude, on apprend que les personnages fĂ©minins mis en scĂšne par des rĂ©alisateurs ont tendance Ă ĂȘtre plus stĂ©rĂ©otypĂ©s que ceux imaginĂ©s par les femmes rĂ©alisatrices. En contrepartie, dans les films rĂ©alisĂ©s par les hommes, les personnages fĂ©minins ont un mĂ©tier dans 52% des cas. Le pourcentage est lĂ©gĂšrement plus Ă©levĂ© que le taux de 48% notĂ© dans les films rĂ©alisĂ©s par des femmes. Mais si les hommes font davantage travailler leurs personnages fĂ©minins, encore faut-il voir les mĂ©tiers qu'ils leur donnent. Dans les films rĂ©alisĂ©s par des hommes, 18% des personnages fĂ©minins sont secrĂ©taires ou serveuses, 15% sont enseignantes ou bibliothĂ©caires et 8% sont prostituĂ©es ou danseuses nues. Ce qui nous amĂšne Ă l'Ă©pineuse question du sexe et de la nuditĂ©. Bien que les rĂ©alisatrices n'Ă©prouvent aucune gĂȘne ou pudeur Ă tourner des scĂšnes de sexe comme en tĂ©moigne Nuit 1 d'Anne Ămond, les rĂ©alisatrices sexualisent les personnages fĂ©minins cinq fois moins que les rĂ©alisateurs. Ces derniers n'ont pour ainsi dire pas besoin de scĂšnes de sexe pour vĂȘtir les personnages fĂ©minins de tenues sexy, pour fragmenter leurs corps en gros plan ou pour leur attribuer des signes de grande disponibilitĂ© sexuelle. Notez qu'il n'est pas question des scĂ©naristes dans cette Ă©tude, mĂȘme si ce sont eux qui inventent les histoires et crĂ©ent des personnages. Ce n'Ă©tait pas vraiment nĂ©cessaire. Les chercheuses ont en effet dĂ©couvert que sur les 12 films rĂ©alisĂ©s par des femmes, 11 avaient Ă©tĂ© scĂ©narisĂ©s par des femmes. Du cĂŽtĂ© des rĂ©alisateurs, sur les 28 films Ă©chantillonnĂ©s, 24 avaient Ă©tĂ© Ă©crits par des hommes, 2 par des femmes et 2 par une Ă©quipe mixte de scĂ©naristes. Bref, le clivage que l'on constate Ă l'Ă©cran n'est que le prolongement de ce qui se passe Ă l'Ă©tape de l'Ă©criture et de la scĂ©narisation. Pourquoi une telle Ă©tude, hormis le fait que le 8 mars approche? Pour la sociologue et fĂ©ministe Francine Descarries, qui a participĂ© Ă l'Ă©tude, la raison est simple. Pour dĂ©mythifier le mythe de l'Ă©galitĂ©, a-t-elle dĂ©clarĂ© hier. Sous prĂ©texte que les femmes sont en nombre de plus en plus important dans la sociĂ©tĂ©, on a l'impression que tout est rĂ©glĂ©. Mais la discrimination perdure et les changements sont lents. Il faut absolument briser cette impression que les femmes n'ont plus besoin de lutter pour l'Ă©galitĂ©.» L'inĂ©galitĂ© vĂ©cue par les rĂ©alisatrices est d'autant plus criante que sur les bancs des Ă©coles de cinĂ©ma, les jeunes aspirantes cinĂ©astes sont aussi nombreuses que leurs camarades masculins. C'est au moment de dĂ©marrer leur carriĂšre que les choses se corsent alors qu'elles se butent Ă des producteurs, diffuseurs et distributeurs froids ou indiffĂ©rents Ă leurs histoires et Ă leur imaginaire. C'est dire que dĂšs le fil de dĂ©part, on leur barre la route et on leur ferme, en somme, la porte du cinĂ©ma. Ă force de voir que leurs projets intĂ©ressent peu ou pas, les rĂ©alisatrices finissent par se dĂ©courager et par abandonner. Pourtant, lorsqu'elles arrivent Ă se trouver un producteur et que leurs projets sont dĂ©posĂ©s aux institutions pour un financement, elles essuient rarement un refus. Ă la SODEC, par exemple, entre 2008 et 2011, les rĂ©alisatrices ont soumis 29,1% des projets de films et 28,3% ont Ă©tĂ© acceptĂ©s en production, une excellente moyenne au bĂąton. N'empĂȘche. Les rĂ©alisatrices demeurent minoritaires, marginalisĂ©es et condamnĂ©es Ă des enveloppes budgĂ©taires qui n'ont pas augmentĂ© depuis vingt ans. Un jour, peut-ĂȘtre que les rĂ©alisatrices obtiendront la paritĂ© avec les rĂ©alisateurs. En attendant, le cinĂ©ma quĂ©bĂ©cois se prive et prive les spectateurs de leur diversitĂ©, de leur sensibilitĂ© et, ultimement, de leur vision du monde.
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